La medtech Diabeloop regarde vers les Etats-Unis, le Japon et la Corée

Diabeloop, medtech reconnue pour son système de délivrance automatisée d'insuline dédié aux diabétiques, a clôturé cet été un tour de table de 70 millions d’euros, afin d’améliorer son fonctionnement et de poursuivre le déploiement de son dispositif médical à l’étranger. Echange avec Erik Huneker, cofondateur et CEO de Diabeloop, quant à l’avenir international de l’entreprise.  

 

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Erik-Huneker

Dans le monde, plus de 500 millions de personnes souffraient de diabète en 2021. Une maladie qui les oblige à passer en moyenne 50 % de leur temps à gérer leur indice glycémique en s’administrant notamment de l’insuline. C’est dans l’objectif d’aider toutes les personnes nécessitant un apport quotidien de cette hormone qu’Erik Huneker a fondé en 2015 la medtech Diabeloop, avec le diabétologue Guillaume Charpentier. “Notre idée était d'automatiser la délivrance de l’hormone afin de soulager la charge mentale des patients”, déclare le cofondateur de Diabeloop, lauréate des Handitech Trophy. De cette collaboration est né un appareil auto-apprenant : le DBLG1, révolutionnant le quotidien des diabétiques de type 1 et de type 2 insulinodépendants.

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BM : Diabeloop a réussi à s’implanter dans sept pays européens depuis sa création en 2015. Comment s’est passée votre internationalisation ?  

EH : En France, avec les essais cliniques et les médecins partenaires, Diabeloop était déjà connue par les acteurs de l’écosystème. Dans les autres pays européens, c’était plus compliqué. Il a fallu se faire une place et miser sur la communication : dans un premier temps, auprès des médecins, les prescripteurs, et dans un second temps auprès de communautés de patients experts. Heureusement, l’Europe étant un espace réglementé, les études cliniques réalisées dans un des pays de l’Union sont valables dans tous les autres. Nous n’avons donc pas eu à relancer d’études lorsque nous avons souhaité nous développer en Allemagne par exemple. Cela nous a permis de nous implanter dans sept pays, avec un remboursement dans quasiment 100 % d’entre eux. 

"Dès le début, nous avons envisagé une croissance internationale.” 

BM : Envisagez-vous de vous exporter hors Union européenne ?  

EH : Oui bien sûr, dès le début, nous avons envisagé une croissance internationale. En tant que dispositif médical, nous n’avons pas d’autres choix que de passer par les Etats-Unis, par exemple, car le marché y est très important. Je connais bien le pays et trois de nos employés travaillent sur le sujet ici en France, en plus des consultants que nous avons sur place. Il faudra néanmoins passer par des distributeurs locaux, qui ont une connaissance du marché américain et des affiliations avec les acteurs incontournables.  

Nous regardons vers les Etats-Unis mais aussi vers l’Asie (Japon, Corée). Bien entendu notre objectif est de pouvoir proposer nos solutions à toutes les personnes qui ont des besoins d’insuline au quotidien, et dans le plus de zones géographiques possibles au travers de nos partenariats.  

BM : Quels freins rencontrez-vous dans ces pays ?  

EH : Les pays hors Europe sont plus compliqués à pénétrer. Par exemple, aux Etats-Unis ou encore en Inde, nous devons réaliser de nouvelles études cliniques sur place et cela coûte très cher. Le déploiement de notre offre à l’international sera graduel en fonction des pays, des mœurs et des lois qui les régissent. Le frein principal reste l’accès au marché et le remboursement, selon les modalités et réglementations. Par exemple, Le système de santé américain est très différent et bien que 50 % des américains diabétiques soient affiliés à l’assurance santé Medicare, et l’autre moitié à des assurances privées, le DBLG1 représente un véritable investissement pour les patients.  

BM : Vous avez déclaré que votre levée de fonds vous servira également à enrichir votre offre. De quelle manière ? 

EH : Nous travaillons sur le DBLG1 depuis de nombreuses années. Il y a eu plusieurs versions mais la première à avoir été commercialisée l’a été en mars 2021. Les différentes levées de fonds que nous avons réalisées, principalement les trois majeures, nous ont aidés à mener à bien nos quinze études cliniques.

Aujourd’hui, le patient doit dire à l’interface “je mange, je fais du sport” etc. Demain, grâce à notre nouvelle levée de fonds et aux études que nous sommes en train de mener, nous aurons un appareil qui fonctionnera avec moins d’informations, en quasi-totale autonomie. Nous travaillons également sur DBL-4pen, un logiciel d'IA pour apporter de l'automatisation au traitement par stylo connecté, moins cher et donc plus accessible. On espère obtenir environ trois quarts des résultats pour un quart du prix du DBLG1. 

BM : Vous avez été élu lauréat des Handitech Trophy, qu’est-ce que cela vous a apporté ? 

EH : Diabeloop était une toute jeune entreprise lorsqu’elle a remporté le trophée en 2017, mais l'humain (patient et salarié) était déjà au cœur de notre mission et de notre vision. Nous voir récompensés pour notre attachement à l’inclusivité, au travers du Trophée des équipes Bpifrance nous a honorés. Nous avons alors décidé de toujours garder ces valeurs comme prioritaires. Depuis, nous avons grandi et avons de nombreux projets qui nous permettront d’être encore plus impliqués en faveur de l’inclusivité. 
 

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Julie Lepretre
Julie Lepretre Rédactrice web