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[Gardez le cap] Loïc Renart, Globe et Cecil : « On doit chercher des solutions, casser les codes »

A l’heure du déconfinement, les dirigeants de PME-ETI gardent le cap. Quatre d’entre eux racontent comment ils se relèvent de la crise du covid-19. Aujourd'hui, nous retournons à Lyon à la rencontre de Loïc Renart, dirigeant du groupe hôtelier Globe et Cecil.

Une reprise au ralenti. Après avoir partagé, il y a deux semaines, ses préoccupations face à la fermeture de ses deux hôtels et de son restaurant, Loïc Renart répond à nouveau aux questions de Bpifrance Le Lab sur la manière dont Globe et Cecil gère la lente reprise de l'activité.

Lors de notre entrevue du 4 mai, vous œuvriez, avec votre équipe, pour réouvrir l’un de vos hôtels. Vous aviez hâte !

Loïc Renart: Et bizarrement, la veille, j’appréhendais. Sans doute parce que je suis arrivé au moment de vérité. Après toutes les actions mises en œuvre, après avoir réengagé les espoirs de tous, moi compris, il fallait attendre. S’en remettre à l’inconnu et espérer que l’accueil soit au rendez-vous. C’est là qu’on ne maîtrise plus.

Comment s’est passée cette réouverture ?

LR: Quasiment tout le monde est venu, y compris, ceux qui ne travaillaient pas. Je les avais conviés à fêter ça. On a vraiment ressenti le plaisir de se retrouver. Nous avions placé un musicien à l’extérieur pour animer la place Nous avons dégagé une énergie positive autour du bâtiment en faisant ça. Nous nous sommes alignés avec notre logique d’être une place dans la vie locale.

L’activité est donc repartie ?

LR: Nous avons eu des réservations de gens de passage, certains sont juste passés pour dire bonjour. D’autres ont réservé par internet. Mais il ne faut pas s’emballer. Nous avions cinq-six nuitées hier.

Comment gérez-vous cette reprise au ralenti ?

LR: Aujourd’hui, on est prêt pour repartir à 80-90 % de taux d’occupation. Et on ne fait que 5 %. C’est comme si on me donnait à conduire une Ferrari ou une Porsche que je pouvais la faire monter jusqu’à 200km/h. Mais non. Je suis sur l’autoroute, les voies sont dégagées et je ne peux pas dépasser les 20km/h.

Et pour le restaurant ?

LR: Pour le restaurant, c’est encore autre chose. J’ai la sensation depuis le déconfinement de regarder le train partir et d’être resté sur le quai. Par exemple, sur la vente à emporter, on ne nous commande que huit menus et une dizaine de cafés par jour. On le savait, mais ça reste dur.
On doit donc chercher des solutions, casser les codes. Ou plutôt, chercher de nouveaux codes car on est dans l’inconnu avec cette crise. La vente à emporter amène beaucoup de questions. Ce n’est pas pareil que de servir directement en salle : conditionnement, présentation, maintien de la chaleur, etc. On se doit de trouver des relais sans pour autant nuire à l’image de marque existante du restaurant. Il faut tenter.

Être agile et oser en somme.

LR: Exactement. Oser être encore plus agile dans cette période d’incertitude et de redistribution des cartes. Ceux qui sont uniquement de bons gestionnaires ne sont pas capables de faire face à ce que l’on vit. Il faut avant tout de l’humain, une force de conviction et de l’intuition. Aller chercher dans des zones inconnues. Je sais que c’est ce que je fais, je n’en suis pas sûr à 100 %, mais j’y crois et il faut essayer.

Un instinct de survie décuplé par la situation dans laquelle se trouve le secteur de l’hôtellerie-restauration ?

LR: C’est certain que pour ceux qui, comme moi, ont subi un arrêt, la vision n’est pas la même que pour ceux qui ont continué, voire ont été en suractivité comme mon expert-comptable par exemple. Moi, j’ai été touché dans ma chair.
Et dans mon activité, je pense qu’il y aura vraiment cette distinction entre les bons gestionnaires et ceux qui sont calibrés pour chercher à avancer dans le brouillard et trouver de nouvelles façons de faire.

Pour trouver des solutions, comment gérez-vous la somme d’informations qui circulent ?

LR: Je tente d’appliquer le bon filtre pour ne pas passer à côté des informations structurantes à saisir au passage.