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[Gardez le cap] Bernard Fort, Tennaxia : « Il faut respecter des règles d’hygiène drastiques, tout en évitant de tomber dans la psychose qui paralyserait tout »

A l’heure du déconfinement, les dirigeants de PME-ETI gardent le cap. Quatre d’entre eux racontent comment ils traversent cette période délicate. Cette semaine, Bernard Fort, CEO de Tennaxia, nous partage ses réflexions et ses plans pour la suite.

Prêt pour la reprise. Après avoir partagé ses préoccupations face à la crise économique et sanitaire, Bernard Fort, répond à nouveau aux questions de Bpifrance Le Lab, sur la manière dont Tennaxia, cabinet de conseil spécialisé dans de la responsabilité sociétale des entreprises, prépare l’après confinement.

Comment allez-vous depuis notre dernier échange, le 24 avril dernier ? Et surtout, comment se porte votre entreprise ? 

Je vais bien et le business va bien aussi ! Notre activité d’avril 2020 connaît des résultats assez identiques à ceux d’avril 2019. Les collaborateurs sont rassurés de voir que l’impact du coronavirus est aujourd’hui limité sur notre activité. Notre agenda continue de se remplir sur les prochaines semaines, donc nous travaillons dans une atmosphère positive, avec une bonne trésorerie.

Tout est parfait, en sommes.

Non, pas vraiment. Certains aimeraient revenir au bureau plus vite, mais nous traversons l’épisode sans subir trop de dommages. En revanche, nos missions ont évolué. Les clients ne peuvent pas recevoir d’intervenants externes dans leurs locaux. Les déplacements de nos équipes sont donc limités par rapport à la normale.

Vous considérez-vous privilégiés face aux événements ?

Je dirais plutôt que nous sommes assez épargnés grâce à la récurrence de nos contrats et à la variété des secteurs d’activité de nos clients. Par rapport aux sous-traitants de l’aéronautique par exemple, notre situation est confortable, cela ne fait aucun doute. Aussi, nous avons la chance de pouvoir faire passer nos équipes en télétravail, ce qui est une forme de privilège au vu des circonstances actuelles. Les autres employeurs qui attendent la reprise de chantiers, ou qui doivent imaginer de nouvelles règles pour faire fonctionner leurs usines tout en limitant la promiscuité des collaborateurs : ceux-là doivent faire face à des défis supplémentaires.

Les dirigeants de PME doivent-ils se préparer à des éventualités extrêmes ?

Les preneurs de décisions dans le cadre du déconfinement, qu’ils soient chefs d’entreprise, maires, directeurs d’école, seront attendus au tournant. Tous ne savent pas trop quoi faire, et se posent des questions sur la meilleure démarche à suivre. Mais si un élève ou un salarié est contaminé, ils peuvent être tenus responsable. Il faut donc respecter des règles d’hygiène drastiques, tout en évitant de tomber dans la psychose qui paralyserait tout. C’est normal que le gouvernement ne dédouane pas de leurs responsabilités les preneurs de décision. Mais en même temps, il est difficile pour nous d’avoir cette épée de Damoclès au-dessus de la tête. On est alors tenté d’aller plus loin que les dispositions réglementaires pour s’assurer de la sécurité de tous et de ne pas être accusé de faute grave.

Depuis quinze jours, sur quoi avez-vous concentré vos réflexions ?

A l’approche du 11 mai, les collaborateurs se sont posés de plus en plus de questions. Leurs attentes sont légitimes. On doit tous y voir clair et c’est pourquoi nous avons réfléchi à la meilleure manière d’aborder le sujet. Cela s’est fait en trois étapes. D’abord, avec notre responsable du document unique en charge de l’évaluation des risques, nous avons travaillé pour définir les grandes lignes d’un déconfinement réussi. Ensuite, un groupe de travail, composé de cinq membres (dont les deux CSE), a été formé pour transformer ces projections en règles concrètes et précises. Ils présenteront finalement le résultat de leurs réflexions au comité de direction qui devra valider ces orientations.

Quels éléments se dégagent de votre plan de déconfinement ?

Le cadre général est clair. Nous maintenons le télétravail durant le mois de mai, et vraisemblablement jusqu’au 21 juin. Sauf exception, nous encourageons le travail à domicile et les déplacements chez les clients reprendront principalement à partir du 8 juin sous réserve de la validation par les clients d’un protocole de sécurité. La suite de ce plan concernera les consignes à suivre au bureau, les protocoles à connaître si un salarié semble contracter des symptômes du Covid-19. 

Vous disposez de bureaux à Laval, Lyon et Paris. Est-ce que votre discours diffère selon la localisation de vos salariés ?