« On est passé de 70 000 à 100 000 actionnaires en 5 jours », pari gagné pour Time for the Planet

Après seulement trois ans d’existence, le mouvement français dédié à la lutte contre le dérèglement climatique, Time for the Planet, atteint l’objectif qu’il s’était fixé : réunir 100 000 actionnaires avant la fin de l’année 2022.  

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Equipe Time for the Planet

Si le fameux « bug informatique » du passage à l’an 2000 n'a pas eu lieu, celui du passage en 2023 a été une réalité pour le site de Time for the Planet. « Nous avons été victimes de notre succès », s’amuse Claire Dognin, directrice générale de Time for the Planet, en charge des relations avec les investisseurs grand compte. Submergé par le nombre de connexions, le site de la « start-up climatique » a littéralement implosé. Il faut dire qu’en ce début d’année, Time for the Planet a dépassé le palier ambitieux des 100 000 actionnaires. 
De quoi rendre possible la mission que l’entreprise s’est donnée : en découdre avec le réchauffement climatique. Pour cela le collectif lyonnais compte récolter 1 milliard d’euros pour décarboner l’économie mondiale, en subventionnant et en déployant 100 projets novateurs d’ici 2030.  

Un modèle qui permet de ne pas attendre les nouvelles réglementations 

Plateforme participative unique et inclusive, Time for the Planet met en avant l’action collective au service de la planète. Ce qui compte, ce n’est pas le montant investi par le citoyen mais plutôt le nombre d’individus impliqués dans le projet, de façon à lui apporter visibilité et légitimité. « En cinq jours, on est passé de 70 000 à 100 000 actionnaires, c’est complètement surréaliste », s’enthousiasme la directrice. Conséquence d’une opération réussie menée tout au long du mois de décembre par le groupe afin d’encourager les particuliers à devenir des actionnaires : le matching. À chaque euro investi par un individu, une entreprise tierce abonde du même montant. Un double effet levier, permettant d’une part d’inciter à augmenter la hauteur du montant investi, et d’autre part de multiplier par deux ce montant. 

« Time for the Planet est un modèle qui a été imaginé pour accueillir tout le monde, pour permettre à chacun d’agir tout de suite, sans attendre les réglementations », met en avant la jeune femme. Au sein de cette structure, les citoyens actionnaires ont le pouvoir de faire avancer les choses, entre autres par un système de vote juste et équitable. Un suffrage en deux temps, le premier qui se fait par nombre d’actions possédées, et le second par nombre de votants, « c’est-à-dire que celui qui a placé 1 euro a autant de pouvoir que celui qui a investi 3 millions d’euros », analyse l’entrepreneure. 

Dividendes Climat : un retour sur investissement unique en son genre 

Structure à but non lucratif, Time for the Planet doit néanmoins rendre des comptes à ceux qui soutiennent économiquement son projet. « On ne propose pas à nos créanciers un retour financier sur investissement, donc on s’est dit qu’il fallait quantifier les intérêts autrement », confie Claire Dognin. Après concertation avec des experts comme ceux de l’ADEME ou du cabinet d’accompagnement Carbone 4, un nouveau référentiel de performance voit le jour : les Dividendes Climat. Le principe est simple, il suffit de calculer les tonnes de CO2 évitées grâce aux innovations accompagnées, et de rapporter ce taux à la part détenue par un actionnaire. Autrement dit, si vous possédez 15 % des parts d’une entreprise et que celle-ci a permis de limiter la propagation dans la nature de 100 tonnes de CO2, vous récupérez 15 % de ce chiffre, soit 15 Dividendes Climat.  
Dévoilée il y a peu, la jauge de captation de CO2 par les innovations indique que celles-ci ont permis d’économiser près de 10 000 tonnes de CO2 en 2022. 

« On a reçu plus de mille innovations » 

Que cela soit dans le secteur de l’énergie, du transport, ou encore de l’industrie, avec comme mission commune de réduire les émissions de gaz à effet de serre, les innovations financées par le fonds citoyen sont liées à la capacité d’investissement de ce dernier. « On a reçu plus de mille innovations de grande qualité. Il faudra nécessairement faire une sélection », observe la créatrice. À horizon 2030, le collectif lyonnais compte bien avoir réuni plus d’un milliard d’euros de sorte à accompagner les cent structures ayant le plus fort impact.  

Avec des investissements reçus dès l’année 2021, la levée progressive de 15 millions d’euros par le collectif a déjà permis d’accompagner cinq entreprises soucieuses de l’environnement, comme Beyond the Sea, qui tracte par kite des navires de toutes tailles ; ou Carbon Time, qui capte et transforme des tonnes de CO2 en roche. Grâce à son modèle participatif basé sur l'open source, d’autre innovations votées en assemblée par les actionnaires verront le jour cette année en France… et bientôt au Royaume-Uni.

elc
Emma-Louise Chaudron Rédactrice Web