Damien Havard, président d’Hydrogène de France : “Nous sommes entrés en bourse !”

Mercredi 23 juin 2021, la société Hydrogène de France a fait son entrée à la bourse de Paris. Valorisée à 425 millions d’euros, cette introduction a permis au producteur d’énergie français de lever 132 millions d’euros. Pour Bpifrance, l’actuel président et fondateur Damien Havard revient sur cette opération.

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Entrée remarquée pour Hydrogène de France (HDF) sur Euronext Paris. Avec une valorisation à 425 millions d’euros, l’entreprise a réalisé fin juin « la deuxième opération la plus importante depuis 10 ans dans les Cleantechs en France », relate Damien Havard. Pionnière en la matière, la société développe de grandes centrales électriques produisant une énergie renouvelable non intermittente, grâce à l’hydrogène. Elle développe également une usine de fabrication piles à combustible hydrogène de forte puissance en France.

Damien Havard a fondé HDF il y a 8 ans, alors que l’utilisation de l’hydrogène était nouvelle en France. Les enjeux de cette technologie : mobilité, électricité et industrie. L'entrepreneur a vu le potentiel du secteur, et a créé Hydrogène de France alors que le marché n’était pas encore mûr. « Au démarrage, l’insertion a été progressive », explique-t-il, « mais rapidement la boîte a grossi ». Lancée avec 2 millions d’euros de fonds propre, l’entreprise équilibre dès le début ses bilans de manière autonome et dégage une croissance positive. Très vite, HDF conquiert les marchés internationaux, elle est aujourd’hui présente dans une trentaine de pays à travers le monde. Grâce à cette levée de 132 millions d’euros, l’entreprise va accélérer son développement stratégique axé sur son expansion internationale, ainsi que la construction de son usine de fabrication de piles à combustible de forte puissance (supérieure à 1MW) en région bordelaise.

 

L’IPO : une opération séduction auprès des investisseurs

Pour réussir son introduction en bourse, HDF a dû passer par des étapes clés. D’abord, la préparation de l’opération. « Ça fait un an que nous préparons cette introduction, mais nous avons initié officiellement la démarche le 8 janvier dernier », explique le chef d’entreprise. S’il a décidé de faire entrer sa société en bourse, c’est parce que cela va « permettre d’avoir une diversité d’investisseurs, et c’est ainsi plus facile pour déployer l’entreprise ». Lors d’une telle opération, l’une des étapes cruciales est de sélectionner la banque d’investissement qui va suivre le projet.

Pour convaincre les investisseurs, les équipes d’HDF ont dû soumettre un dossier aux autorités financières ainsi qu’aux marchés financiers. « Les investisseurs doivent connaître l’entreprise, les équipes, les métiers afin de prendre part au projet. Nous avons présenté notre dossier devant des dizaines de fonds d’investissement », raconte Damien Havard. « Nous avons finalement été accompagné par la banque d’investissement Bryan, Garnier & Co », précise le chef d’entreprise. Après un travail de longue haleine de conquête des investisseurs, de planification stratégique et de calcul prévisionnel, l’entreprise est prête à faire son entrée.

13 000 particuliers entrent au capital d’Hydrogène de France

A 9h00, sur la place boursière parisienne, la cloche d’Euronext Paris sonne et acte l’introduction en bourse. Les équipes sont présentes en nombre restreint, à cause des mesures de distanciation sociale mais la tension est bien là. « 13 000 particuliers sont entrés au capital d’Hydrogène de France, avec une limitation à 100 actions par personne », raconte Damien Havard. Une limite qui a été décidée au dernier moment, par le conseil d’administration d’Euronext. Le prix des actions a été fixé à 31,05 euros, l’opération est relatée dans les médias comme un succès. Une telle opération implique des responsabilités, telles que la mise aux standards internationaux juridiques des comptes et leur publication. Désormais, HDF a une responsabilité auprès de ses actionnaires. « Nous avons le devoir d’informer en toute transparence nos acquéreurs et nous devons maintenant faire encore plus attention aux annonces publiques », explique-t-il. La communication doit être soignée et les informations corroborées afin de ne pas influer sur le cours de l’action.

Un moment clé pour solidifier ses partenariats stratégiques

Dans le cadre de cette IPO (Initial Public Offering), Hydrogène de France a également renforcé les liens avec ses partenaires stratégiques, notamment avec le groupe Rubis, entré au capital pour 78,6 millions d’euros. Déjà associés sur de précédents projets - l’installation de la première pile à combustible de forte puissance au monde installée dans une raffinerie, celle de la SARA-Groupe Rubis en Martinique, ainsi qu’une centrale électrique multi-mégawatts en Guyane -, ce groupe français, très présent à l’international, a des intérêts communs avec HDF. « La construction d’une centrale électrique coûte en moyenne 100 millions d’euros, c’est un montant qu’on ne peut pas payer à chaque nouveau projet. Le groupe RUBIS est actionnaire majoritaire sur plusieurs usines de production d’énergie verte, c’est pourquoi ça a été logique qu’ils entrent au capital d’HDF », explique le dirigeant. Un autre partenaire stratégique est également entré au capital pour un montant de 10 millions d’euros. Il s’agit de Teréga, le gestionnaire du réseau gazier du Sud-Ouest de la France, qui développe des infrastructures de transport et de stockage de gaz et conçoit des solutions innovantes en France et en Europe. Avec des métiers complémentaires, cette association permet un accord gagnant-gagnant entre les deux entreprises.