Agroalimentaire : enjeux et réponses de la filière face à la pandémie

Dans le contexte de crise du coronavirus, l’Etat a réaffirmé la priorité stratégique du secteur agroalimentaire, au même titre que la santé. Une annonce qui valorise la capacité d’adaptation des acteurs de la chaine face à l’épidémie.

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Depuis le début du confinement, et même en prévision, le secteur agroalimentaire a dû réorganiser ses filières d’approvisionnement, de production et de logistique pour répondre aux changements de consommation des Français, qui limitent leurs déplacements et se restaurent à domicile.
 
En première ligne face à la pandémie, la filière a su montrer sa capacité à maintenir, voire augmenter sa production, comme le souligne Ariane Voyatzakis, responsable du secteur agroalimentaire chez Bpifrance. « Les industriels, producteurs et agriculteurs adoptent depuis longtemps déjà les bons réflexes sanitaires et savent faire face aux contraintes liées à cette pandémie. ».
Une force amplifiée par l’efficacité de toute la chaîne de production comme le souligne Françoise Andres, Présidente d’Elipso dans une interview accordée à AgroMédia.com. "L’ancrage sur le territoire national des entreprises de l’emballage permet une réactivité exceptionnelle dans ces moments particuliers. La filière a su opérer une réorganisation efficace pour honorer les commandes des secteurs clefs (la santé, l’agroalimentaire et l’hygiène) face à la lutte contre la pandémie". 
 
Ce coup de projecteur sur la filière agroalimentaire fait d’ailleurs germer chez certains des idées de « reconversion » comme l’explique Ariane Voyatzakis. « Les agriculteurs font actuellement face à un manque de main-d’œuvre, lié à la fermeture des frontières, qui les prive de leurs saisonniers. Le ministère de l’Agriculture a donc encouragé la mise en place de plateformes simplifiées afin d’attirer des volontaires, y compris les actifs subissant le chômage partiel. Ils sont actuellement plus de 200 000 à avoir candidaté, et l’image des agriculteurs et de leur savoir-faire en sort renforcée ».

Des changements de consommations durables ?

Avec le changement de notre mode de vie lié au confinement, la valorisation du circuit court et la généralisation du commerce de proximité s’imposent dans de plus en plus de foyers et pourraient bien se prolonger après la pandémie. Les grands magasins semblent délaissés par les consommateurs, incités par les consignes de sécurités à faire leurs courses près de chez eux ou à se faire livrer. Selon une étude menée par Nielsen, du 17 au 22 mars 2020, les ventes des hypers de plus de 7 500 mètres carrés ont plongé de 24 % (-14 % pour les autres). « Seuls 6 % des Français vivent à moins de 5 minutes d'un hypermarché », relève l'institut. A l'inverse, les livraisons en drive grimpent de 65 % et l'activité des supers de proximité gagne 28 %.
Une tendance confirmée par l’institut d’études Odoxa-Comfluence, 93 % des Français souhaitent plus d’« autonomie agricole de la France », même si cela engendre une hausse des prix pour les consommateurs*.
 
Un nouveau mode de consommation qui lance de premières interrogations sur l’import/export agroalimentaire en France.
« L’agriculture française est très dépendante des exportations, des pans entiers de notre agriculture sont tournés vers l’export, affirme Ariane Voyatzakis, donc nous n’avons aucun intérêt à fermer nos frontières. En revanche, c’est vrai qu’il faut développer plus de productions locales. Par exemple, le bio connait depuis quelques années une croissance sans précédent, qui n’est pas démentie par la crise actuelle et malheureusement nous sommes encore déficitaires dans plusieurs productions. Pour autant, la crise sanitaire et économique aura un impact sur le pouvoir d’achat des ménages et il ne faut pas délaisser la recherche de gains de productivité pour offrir une alimentation accessible à tous ».
 
Une crise qui pourrait également accélérer l’intégration de l’innovation pour accroître l’indépendance et la sécurité alimentaire. C’est ce que propose déjà la start-up Naïo Technologies avec ses robots agricoles qui accompagnent les agriculteurs grâce à un désherbage mécanique automatisé. « Nous sommes convaincus que d’ici 10 ans il y aura des robots dans tous les champs d’Europe et d’Amérique du nord, affirme Aymeric Barthes, CEO et cofondateur de Naïo Technologies. Notre défi peut sembler ambitieux, mais grâce au soutien de nos partenaires et des acteurs de l’écosystème agricole, notre objectif d’assurer la transition écologique et sociale vers une agriculture durable est plus que jamais palpable. »

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Date de clôture : 12 mai 2020

* Sondage réalisé pour Les Echos et Radio-Classique