4 erreurs de débutant à éviter quand on veut lancer son entreprise

Poussé par un vent d’indépendance, l’entrepreneuriat semble s’inscrire comme une tendance de fond sur le marché du travail. Toutes les idées ne sont pourtant pas bonnes à prendre pour se lancer. 

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la bonne idée
Bloqués, © Canal +

Connaissez-vous l’histoire de Juicero ? En 2016, l’auteur, acteur et entrepreneur américain Doug Evans commercialise une machine ultra connectée, dont l’unique fonction est de presser des sachets de fruits et légumes frais pour en faire du jus (la « Tesla du smoothie », d’après l’entrepreneur). Vendu pour la “modique” somme de 700 $, le projet séduit d’abord six investisseurs qui placent 120 millions de dollars pour soutenir le développement de l’entreprise. Une belle histoire entrepreneuriale, jusqu’à la sortie, en 2017, d’une vidéo montrant que les cartouches de jus de la machine pouvaient être pressées “à la main”, entrainant le dépôt de bilan express de la startup l’année suivante. L’histoire fait sourire, mais invite à se demander comment définir « une bonne idée » quand on veut lancer sa boite. 

Une interrogation d'autant plus utile dans un contexte où l’entrepreneuriat a le vent en poupe dans l’Hexagone. Selon l’Observatoire de la création d’entreprise, pas moins de 1 071 881 personnes se seraient lancées dans l'aventure entrepreneuriale en 2022, soit une augmentation de 2 % par rapport à 2021. Experte en entrepreneuriat pour Bpifrance Création, Delphine Lefetz revient sur quatre erreurs à ne pas commettre quand on veut lancer son entreprise.  

1. Se lancer dans un domaine qu’on ne maitrise pas  

Avoir la maitrise technique du domaine d’activité dans lequel on souhaite se lancer est primordial. « C’est en forgeant qu’on devient forgeron », l’expression est bien connue, mais au-delà de l’aspect pratique qu’apportent vos savoir-faire, ils vous permettent de connaitre finement le marché sur lequel vous souhaitez vous implanter. En l’occurrence, c’est un atout pour avoir un regard critique sur votre idée d’entreprise : cette dernière répond à un besoin ? Est-elle économiquement viable ? Quels sont vos atouts pour s’imposer sur le marché ?  

2. Sous-estimer l’importance du plaisir dans son projet 

Avoir le « bon filon » n’est pas une fin en soi et trouver la poule aux œufs d’or est loin de suffire. Entreprendre représente un investissement personnel considérable. Delphine Lefetz souligne d’ailleurs : « Pour qu’une entreprise perdure, il faut qu’elle soit alignée avec des valeurs, des envies. Souvent la motivation est présente quand on se lance, mais va-t-elle durer après quelques années ? ». C’est l’attrait pour son activité qui dans de nombreux cas est le carburant pour garder le cap dans les années qui suivent la création de votre entreprise. 

3. Sauter sur le dernier effet de mode  

L’experte Bpifrance Création ajoute : « Dire “J’ai une super idée, personne n’a jamais fait ça”, ne suffit pas ! Il faut identifier clairement si le projet répond aux besoins de clients sur un marché identifié ». Et c’est d’autant plus un enjeu, qu’il faut être certain que l’idée y répondra dans le temps. Pour s’en assurer, il convient de se méfier des effets de modes. « On voit des tendances de création sur des buzz. Le problème c’est que après deux, trois ans, la demande retombe souvent », avertit Delphine Lefetz pour qui les meilleurs business plans sont ceux qui s’adaptent et évoluent dans le temps. 

4. Oublier de réfléchir la monétisation de son idée 

« La monétisation est la partie la plus sous-estimée par les porteurs de projets. Pourtant c’est le nerf de la guerre », déplore Delphine Lefetz. En outre, l’experte souligne que : « ce n’est pas parce qu’un produit ou un service répond à un besoin, que la cible est prête à payer pour utiliser ce dernier ». Pour éviter les déconvenues, il est indispensable d’établir préalablement au lancement de votre entreprise une étude de marché et un business plan détaillé. Cela permet de confirmer l’existence d’une opportunité sur le segment visé, mais aussi que le business plan est viable.   

Martin Ferron
Martin Ferron Rédacteur Web