2050 : quelle place pour les métavers dans la société de demain ? 

À l’occasion d’une masterclass proposée lors de la deuxième édition de We Are French Touch, le 23 novembre dernier, des étudiants de l’École des Arts décoratifs sont venus présenter leurs recherches sur la soutenabilité des métavers.  
 

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metavers

Révolution ou coup d’épée dans l’eau ? Il y a un peu plus d’un an, le groupe Facebook changeait de nom pour devenir Meta. Le but ? Démontrer la volonté de la firme d’investir massivement dans le développement de son métavers. Or, si les desseins de Mark Zuckerberg ont grandement participé à la médiatisation du terme, le questionnement autour de ces nouveaux espaces numériques dépasse largement le succès ou non de la plateforme californienne. En effet, à la dématérialisation physique des interactions que promet la réalité mixte (XR, pour extended reality) s’opposent les émissions carbone du numérique dont le poids croissant interroge. « On considère qu’un métavers massif, c’est-à-dire avec autant d’utilisateurs qu’une plateforme comme Netflix, émettrait l’équivalent journalier de 88 000 allers-retours Paris-New York », explique Max Mollon qui encadre le projet de recherche.  

Pour conduire ces recherches, le groupe s’est appuyé sur la puissance de calcul de l’informatique quantique afin de prédire  ce à quoi pourrait ressembler l’Hexagone en 2050. Se basant sur des "archives virtuelles" telles que des publicités, des annonces gouvernementales ou encore des emails, trois hypothèses centrales émanent de leurs travaux.  

« La XR vue comme une façon de pallier la pénurie d’énergies fossiles » 

Rien ne se perd, tout se transforme. C’est un peu la leçon qu’on pourrait tirer de la première projection du groupe de recherche. Cette réalité décrit un monde qui a continué sa course et où nous avons conservé les mêmes modes de consommation qu’aujourd’hui. « Dans cette hypothèse, la XR est vue comme une façon de pallier la pénurie d’énergies fossiles, et le gouvernement subventionne les citoyens pour qu’ils investissent de plus en plus le métavers », explique un des étudiants ayant travaillé sur le projet. Côté urbanisme, les boutiques ont toutes abandonné leurs points de vente physique en ville pour de nombreux logements sociaux. Si la crise du logement semble avoir été résolue par l’avènement des métavers, l’Humanité doit composer avec la raréfaction des ressources alimentaires, d’où le développement d’imprimantes à nourriture. Celles-ci fonctionnent avec des cartouches censées reproduire des aliments "naturels".   

La seconde prévision dévoile un monde qui exporte l’ensemble des activités génératrices de CO2 dans les métavers. « Il s’agit d’un pari vers l’avenir rendu possible grâce aux avancées technologiques (XR, métavers) », explique une autre intervenante du projet. Dans cette projection, on estime que la consommation de Data aura considérablement augmenté, comme en témoigne une publicité pour un forfait mobile en 8G de 500 Tera mensuel (cinq mille fois plus que nos forfaits actuels). En fait, on retrouve dans cette hypothèse une société paradoxale avec, d’un côté, le poids carbone du numérique qui a totalement explosé, et de l’autre la mise en place de nombreuses lois encadrant les émissions de CO2. Dans cette projection, où la réalité augmentée permet la personnalisation de tout, la standardisation s’impose comme une norme de production. On découvre une publicité Ikea avec des meubles les plus neutres possibles et dont les motifs sont une option disponible avec la XR.  

Un métavers massif suppose qu’on soutienne sa consommation énergétique 

Enfin, le groupe de recherche présente une dernière modélisation de ce à quoi pourrait ressembler notre société dans le futur. Ici, il n’est plus question de continuité de nos modes de vie. Conflits, migrations et famines massives : le réchauffement climatique à tout bouleversé. Pour faire face à ces changements, l'humanité a été obligée de mutualiser une partie de ses biens de consommation et se tourne largement vers les lowtechs, ces technologies douces dont l’efficacité est liée à son coût de production. Pour ce qui est du numérique, là aussi, les citoyens ont dû revoir leurs habitudes. Ces derniers n’ont plus accès qu’à un web à faible débit, dont le poids est moindre, laissant à l’État le monopole de l’accès au web à haut débit. Une façon de conclure en rappelant que le développement d’un métavers massif suppose qu’on puisse soutenir sa consommation énergétique. À chacun son avis sur la question.  

Martin Ferron
Martin Ferron Rédacteur Web