PME : quelle était la situation financière des entreprises françaises avant la crise ?

Dans cette seizième édition du Rapport sur l’évolution des PME en France, l’Observatoire des PME de Bpifrance et ses partenaires de longue date livrent un panorama des PME et des ETI en France à la veille de la pandémie de Covid-19.

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Les PME ont abordé la pandémie avec une structure financière renforcée1. A la veille d’une nouvelle crise, conséquence directe de la pandémie de Covid-19 qui sévit dans le monde entier, la part des capitaux propres dans les ressources des PME a dépassé le niveau d’avant la crise financière de 2008. Leur ratio dette sur capitaux propres a donc continué de reculer en 2019. Cette dynamique de renforcement des fonds propres et de baisse du levier financier, à l’œuvre ces dernières années, a ainsi rendu aux PME la capacité à se ré-endetter dans un contexte économique qui a commencé à se tendre au début de l’année 2020.

Concernant la rentabilité financière des PME - qui mesure la rentabilité des capitaux investis par les actionnaires, en rapportant la capacité d’autofinancement aux capitaux propres - le rapport indique un fléchissement en 2019, quand, dans le même temps, leur rentabilité économique progresse. Leurs besoins en fonds de roulement diminuent fortement en raison d’une chute des besoins d’exploitation liée à la réduction logique du montant des créances clients dans un contexte macroéconomique moins favorable. Mais la crise de la Covid-19 a depuis perturbé les paiements inter-entreprises en 2020, de sorte que cet état des créances clients et des dettes fournisseurs reste très incertain aujourd’hui.

Une structure de l’endettement restée stable en 2019, qui évolue depuis la mise en place du PGE

Aussi, la crise actuelle devrait conduire à une forte progression de la dette bancaire des PME, notamment par le recours aux Prêts garantis par l’État (PGE). L’année 2019 apparaît comme une année de transition entre les tendances observées jusque-là et les nouvelles conditions liées à la crise du Coronavirus en 2020. En 2019, la structure de l’endettement est restée stable comparée à 2018, mais la pandémie risque de rebattre les cartes, avec l’augmentation de la dette bancaire et beaucoup d’incertitudes concernant notamment une éventuelle transformation de la dette à court terme (le PGE) en dette à moyen-long terme.

Nicolas Dufourcq, directeur général de Bpifrance rappelle : « Ce contexte est à analyser à l’aune des dispositifs hors norme de soutien à l’écosystème productif français, puis du plan de relance mis en place par le gouvernement et la Commission européenne. Il doit également être observé sous l’angle des changements profonds dans les pratiques et les organisations des PME et ETI françaises qui se sont adaptées, non seulement pour traverser ces périodes de stop-and-go de l’activité résultant des confinements et couvre-feux, mais aussi pour répondre à la prise de conscience environnementale grandissante des habitants de la planète. »

Retrouvez le Rapport PME 2020 et ses contenus enrichis en analyses, graphiques et données en téléchargement libre ici :  http://lelab.bpifrance.fr/pme2020

Faits et chiffres marquants de 2019 et des premiers effets de la crise en 2020

Cartographie

  • Les 3,9 millions de PME (dont 3,78 millions de microentreprises) génèrent 43 % de la valeur ajoutée et emploient 13 millions de salariés, soit la moitié des effectifs salariés.

Défaillance d’entreprise

  • 52 131 entreprises en défaillance en 2019, le meilleur résultat obtenu en termes de sinistralité depuis 2007.
  • Mais 32 184 sinistres en 2020 (- 38 % en un an), un nombre au plus bas depuis 30 ans.

Poids économique des PME

  • La PME moyenne de l’année 2019 réalise un chiffre d’affaires de 4,9 M€ et emploie 20 salariés. Après le recul de 2018, l’investissement repart à la hausse pour les PME.
  • Le taux de marge des PME est en progression dans tous les secteurs, toutefois, en plus de dix ans, les PME n’ont jamais retrouvé les niveaux de taux de marge d’avant la crise financière mondiale de 2008.

Exportation

  • 129 000 entreprises ont exporté pour 509 Md€ de biens depuis la France en 2019 (+ 3 %), dont 1 sur 5 ne compte aucun salarié ou 3 sur 4 à moins de 20 salariés (y compris les sans salariés).
  • Après un recul des exportations au premier trimestre (- 7,5 %), l’effet de la crise s’intensifie au deuxième avec un recul de – 28,3 % des exportations. Ainsi, 2 000 opérateurs ont cessé d’exporter sur la période.

Financement des PME

  • La part des capitaux propres dans les ressources des PME a dépassé le niveau d’avant la crise financière de 2008 et leur ratio dette sur capitaux propres continue de reculer.
  • La réduction du montant des créances clients du fait de la dégradation de la situation économique a pour effet, en 2019, de réduire le besoin en fonds de roulement des PME.

Capital-Investissement

  • 2 300 entreprises ont fait l’objet d’un financement en fonds propres en 2019 par les acteurs français du capital-investissement, un nombre en hausse pour la troisième année consécutive et un record sur les dix dernières années.
  • Un montant record de 19 Md€ investis (dont la moitié en primo-investissement), soit un triplement de la taille du marché depuis 2012 (+ 31 % en 2019).
  • 21 Md€ levés en 2019 (+ 12 %), un montant record pour la quatrième année consécutive.

Accès aux financements externes

  • Recul de – 2,7 % de l’encours des prêts aux PME en France, une chute toutefois moins importante que dans les autres pays de l’Union européenne.
  • Les taux d’intérêt des prêts accordés aux PME en France sont parmi les plus bas au monde (1,4 %).
  • Nouvelle croissance significative du financement contre nantissement d’actifs en 2019 ; toutefois, les comportements de provisionnement en 2020 ont réduit la rentabilité des activités de crédit-bail.
  • L’affacturage atteint un niveau record en volume (2 900 Md€ dans le monde), mais la baisse du chiffre d’affaires s’est traduite par une baisse des volumes d’affacturage au premier semestre 2020.

Activité de R&D

  • Avec plus de 6 Md€, les PME (y compris les microentreprises) sont à l’origine de 1/5e de la dépense intérieure de R&D totale de la France en 2018*.
  • 9,2 % du chiffre d’affaires des PME sont dédiés à leurs travaux internes de R&D, une intensité de recherche beaucoup plus élevée que la moyenne (2,6 %).
  • L’aide publique représente plus de la moitié des ressources externes des PME (56 %) dédiées au financement de leurs activités de R&D.

Crédit d’Impôt Recherche (CIR)

  • 26 100 entreprises, déclarant environ 24 Md€ de dépenses éligibles au CIR, ont généré une créance CIR totale de 6,6 Md€ pour l’année 2017* (6,4 Md€ au titre de la recherche et 220 M€ au titre de l’innovation).
  • Les entreprises de moins de 250 salariés représentent 9 bénéficiaires du CIR recherche sur 10.

Création d’entreprise innovante

  • À la fin 2018*, plus de 4 300 entreprises innovantes issues du concours i-Lab ou des incubateurs de la recherche publique ont été créées.
  • Ces entreprises sont largement issues de la recherche publique et sont l’œuvre de porteurs de projet très diplômés et en grande majorité masculins (11 % de créatrices).

 *Dernières données disponibles.

1- Les informations présentées dans cet article s’appuient sur l’analyse rédigée par la Banque de France pour l’Observatoire des PME de Bpifrance et publiée dans le Rapport PME 2020.