Entreprendre dans les quartiers : « La formation est indispensable »

Mejda Naddari, co-fondatrice de la société GreenVillage évoque l’importance de former les habitants des quartiers prioritaires de la ville (QPV) à développer leur projet d’entreprise.

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Entreprendre est une discipline à part entière. Mejda Naddari, co-fondatrice de GreenVillage, une solution logicielle permettant de lutter à la source contre le gaspillage alimentaire, a bénéficié du soutien de l’organisme « Nos quartiers ont du talent » pour développer ses ambitions entrepreneuriales. Dans l’étude menée par Bpifrance Le Lab, Terra Nova et J.P Morgan « Entreprendre dans les quartiers : libérer tous les potentiels », elle évoque les freins à l’entrepreneuriat dans les QPV et l’importance de la formation pour développer son projet. 

L’indice entrepreneurial de Bpifrance Création montre que les habitants des quartiers sont moins en contact avec le monde entrepreneurial, comment l’expliquez-vous ?

Il y a eu une survalorisation du modèle du salariat dans l’orientation des jeunes des quartiers. On ne leur a pas appris à oser, que ce soit à l’école ou dans leurs familles.

Par exemple, chez moi, la recommandation, c’était : « Accroche-toi à ton boulot ! ». Il fallait faire une carrière dans une structure, idéalement une grosse boîte. J’ai fait du droit par défaut pendant sept ans, avant de bifurquer et de passer par une école de commerce. C’est à ce moment où je me suis révélée parce que je savais que je voulais entreprendre. Et ceci depuis très longtemps, mais mon éducation familiale m’en avait éloignée.

Quels sont les principaux freins au développement des entrepreneurs des quartiers ?

J’accompagne des entrepreneurs à travers l’association « Nos quartiers ont du talent » et ils ont tous des compétences-métier. Mais une entreprise, ce n’est pas juste mettre en œuvre une expérience, une expertise, une compétence… C’est gérer. Et là, dans deux cas sur trois, la gestion d’entreprise est ce qui fait défaut. Ils ne sont pas gestionnaires.

On entend souvent dire que l’entrepreneur de banlieue est beaucoup plus « débrouillard ». Mais il n'a juste pas d'autre choix, contrairement aux créateurs passés par les grandes écoles qui commencent par définir leur stratégie. L’expertise et la compétence viennent ensuite. Un entrepreneur de banlieue ne pourra jamais se lancer s’il n’a pas d’abord validé la compétence. La grosse différence est là.

Quels sont, selon vous, les premiers besoins des entrepreneurs des quartiers pour aller au-delà de ces freins ? 

S’il y a une synthèse à faire : c’est le besoin de formation. En se formant, l’entrepreneur pourra ainsi trouver des financements. Le taux de sinistralité des entreprises des banlieues ne repose pas sur le manque de financement ou de formation, mais bien des deux. C’est comme s’il existait un seuil où le financement te permet de t’émanciper totalement. Avant ce seuil, la formation est indispensable. 

Retrouvez et téléchargez l’intégralité de l’étude “Entreprendre dans les quartiers : libérer tous les potentiels" sur le site de Bpifrance Le Lab.