Comment renforcer l’attractivité de la Place de Paris afin de favoriser la cotation des entreprises Tech

L’ancrage sur le marché boursier parisien des licornes françaises constitue un enjeu majeur de souveraineté économique et financière à moyen terme. Afin de renforcer l’attractivité de la Place de Paris, le Groupe Caisse des dépôts (CDC) a missionné Bpifrance et CDC Croissance pour réfléchir à une meilleure prise en compte des entreprises françaises de la Tech par la filière boursière.  

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Comment renforcer l’attractivité de la Place de Paris afin de favoriser la cotation des entreprises Tech

Pourquoi cette étude est importante ?  

Ces 20 dernières années ont été marquées par un large développement de l’écosystème de financement du capital-risque en France. Cette évolution a permis un essor considérable des sociétés technologiques qui se sont affirmées en France et ont gagné en maturité avec des entrepreneurs plus aguerris. Un grand nombre de ces entreprises se retrouvent aujourd’hui assez mûr pour envisager une introduction en bourse. Depuis deux ans, la France se trouve dans une dynamique positive avec 80 levées de fonds qui ont réuni plus de 20 milliards d’euros en 2020 et des prochains tours de financement compris entre 60 et 150 M€. Pour ancrer durablement ces Techs dans le paysage financier européen, l'enjeu réside principalement dans l'accompagnement de leur développement. A ce titre, le Groupe CDC a missionné Bpifrance, en tant que banque publique des entrepreneurs et CDC Croissance pour réfléchir à une meilleure prise en compte des entreprises françaises de la Tech par la place de Paris. 

Ce qu’il faut retenir  

Etats des lieux  

La Place boursière de Paris souffre de certaines faiblesses structurelles lorsqu’elle s’adresse aux entreprises de la Tech. Le rapport souligne notamment le peu de fonds ciblant les valeurs technologiques de Paris, avec des montants cumulés modestes, le niveau de couverture par la recherche encore très limité et la modestie de l’offre de société Tech cotées. Le segment des Small Caps (entreprises ayant une capitalisation boursière moyenne entre 300 millions et 2 milliards de dollars) et Mid Caps (entre 2 et 10 milliards de dollars) pâtit d’un historique compliqué fait d’arrivées trop précoces sur le marché ayant souvent eu pour conséquence le désintérêt des investisseurs, ainsi qu’une perte de crédibilité à long terme. La situation actuelle permet tout de même de considérer un avenir optimiste avec une relance durable des introductions en bourse. En 2020 les startups françaises ont levé 5,4 milliards d’euros via 620 opérations, soit une progression de +7 % en valeur par rapport à 2019. Une trentaine de startups françaises pourraient donc être candidates à une cotation en bourse d’ici 2025. S’il parait logique que certaines entreprises Tech aient un intérêt à aller se coter au Nasdaq pour des raisons business (génération de revenus essentiellement aux Etats-Unis), il reste indispensable qu’une offre alternative crédible de cotation existe à Paris à destination du reste de l'écosystème. Il faut alors répondre à deux enjeux majeurs : le développement structurel du marché et la mobilisation des dispositifs publics nationaux pour constituer un pool stable d’investisseurs à Paris.   

Développer l’infrastructure du marché boursier français 

Dans un premier temps, l’étude recommande de créer un segment européen Tech Premium qui serait dédié à l’ensemble des entreprises performantes du secteur technologique, cotées sur les marchés nationaux constitutifs de la bourse paneuropéenne. Il offrirait aux émetteurs concernés un bouquet de services à forte valeur ajoutée par rapport aux titres boursiers traditionnels. Il est ensuite envisagé d’apporter un accompagnement aux entreprises françaises Tech candidates à la cotation (ante et post IPO – Initial Public Offering), en lien avec Euronext Paris. Cette collaboration pourrait s’exercer dans le cadre du programme TechShare d’Euronext ou encore via le développement d’une offre d’accompagnement spécifique portée par Bpifrance pour les futures licornes. Par ailleurs, il est indispensable que la Place de Paris renforce son activité de recherche Tech. L’existence d’une telle prestation constituerait un point clé de la transparence du marché français des capitaux. Cette évolution permettrait aux émetteurs de disposer d’une visibilité et pour les investisseurs d’une information fiable. Enfin, il faudrait encourager les banques et fonds peu engagés sur le segment Tech à l’investir durablement. Cela se ferait par l’organisation de journées pour les investisseurs sur la thématique de la Tech européenne. Ces journées pourraient faire partie du segment Européen Premium Tech cité ci-dessus.  

Mobiliser des dispositifs publics nationaux pour constituer un pool stable d’investisseurs 

Face à cet enjeu, il est proposé d’accroitre la mobilisation du Groupe Caisse des dépôts. En effet, un important besoin de financement de plusieurs milliards d’euros par an se dégage face à l’afflux de candidats aux IPO pour les prochaines années sur Euronext Paris. Nous nous retrouverons alors avec la question de la prise de relai des fonds de capital-risque qui, post période de confinement, seront amenés à céder leurs participations. Le Groupe CDC devrait également s’inscrire dans une perspective européenne en raison notamment du caractère multinational de la plateforme de marché Euronext NV. Une telle orientation impliquerait d’explorer plusieurs directions notamment le renforcement de la coopération globale entre les trois grands actionnaires publics de référence d’Euronext, à savoir CDC, CDP et SDP (Société Fédérale des Participations et d’Investissements) et l’élaboration d’outils de gestion partagés permettant l’émergence d’une culture d’investissement commune et d’un segment Tech attractif sur le marché européen des capitaux. Enfin, la mise en place au sein du Groupe CDC d’un pôle public cohérent dans le financement de la Tech française devrait être prolongé par l’établissement d’un forum institutionnel englobant l’ensemble des acteurs du non coté et du coté. Cette instance aurait un double rôle de représentation du secteur et de gestion d’une plateforme ouverte de services dédiée aux acteurs de la Tech. 

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Julie Lepretre
Julie Lepretre Rédactrice web