Comment réduire l’impact du transport maritime sur l’environnement ?

Alors qu'aujourd’hui 90 % du commerce se fait par voie maritime, il est impératif de rendre ce mode de transport plus durable. Francis Estellat, directeur adjoint des fonds Equity Mid Cap chez Bpifrance, nous éclaire sur la situation dans le cadre du projet Demain.  

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Comment réduire l’impact du transport maritime sur l’environnement

« Si le transport maritime était un pays, il serait le 6e le plus polluant au monde, entre le Japon et l’Allemagne », confie Francis Estella, directeur adjoint des fonds Equity Mid Cap chez Bpifrance. « Bien qu’étant le transport le moins polluant, ramené à la tonne de marchandises transportées, le secteur est responsable de 3 % des émissions de CO2 mondiales, avec 940 millions de tonnes émises par an », ajoute l’expert  Le fuel lourd, majoritairement utilisé par les cargos et porte-conteneurs, émet 3 500 fois plus de particules fines que le diésel. À ses émissions de CO2 s’ajoutent celles d’oxyde de soufre et d’azote, extrêmement polluantes, notamment pour les milieux aquatiques. 

Avec ses 95 000 bateaux naviguant sur les mers du monde, le secteur ne cesse de croître en raison de l’intensification du trafic. Et alors que la tendance se poursuit avec des prévisions d’augmentation de 3 à 4 % par an d’ici 2040 d’après l’OCDE (Organisation de Coopération et de Développement Économiques), l’OMI (Organisation maritime internationale) a fixé un objectif de réduction de 50 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) d’ici 2050.  

Si le défi est de taille, de nombreuses solutions existent afin d’atteindre ces objectifs. 

Réduire la consommation de carburant de 10 à 30 % grâce à l’énergie vélique 

La première étape pour amorcer cette transition vient de la fabrication des navires. Leur design, taille, hydro et aérodynamisme, ainsi que la performance des moteurs sont à repenser afin d’optimiser l’efficacité énergétique des bateaux de transport. « Il faut également optimiser l’utilisation des routes maritimes en prenant en compte les courants et marées », commente Francis Estellat. À noter qu’en regardant la performance des bateaux neufs actuels, le remplacement de l’ensemble de la flotte mondiale par de nouveaux navires permettrait de réduire de 26 % les émissions globales de CO2 liées au transport maritime.  

Afin d’effectuer des trajets plus responsables, les cargos et porte-conteneurs devront utiliser des carburants alternatifs tels que les « biocarburants, carburants décarbonés comme l’hydrogène ou l’ammoniac et enfin les ecarburants, consistants à recombiner du CO2 capté avec de l'hydrogène pour en faire du gaz », explique Francis Estellat. « Le gaz naturel liquéfié (GNL), déjà utilisé par certaines compagnies, permet une réduction de l'émission de CO2 à hauteur de  20 % et une amélioration de la qualité de l’air », ajoute-t-il. Enfin, de nouveaux moyens de propulsion doivent être envisagés, tels que l'énergie vélique, ou électrique. L’installation d’ailes rigides, de cerf-volants ou de rotors sur les navires, permettrait de capitaliser sur l’énergie du vent et de réduire ainsi la consommation de carburant de 10 à 30 %.  

Gaz à effet de serre : seulement cinq zones géographiques contrôlées 

Afin d’atteindre les objectifs fixés par l’OMI, dont la réduction de 50 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) d’ici 2050, des réglementations sont entrées en vigueur. La règle OMI 2020, aussi appelée carburant utilisé par les navires commerciaux à l’échelle mondiale. Cette dernière s’abaisse à 0,1 % dans les cinq zones géographiques contrôlées (dont la Manche, la mer Baltique, la mer du Nord, les côtes d’Amérique du Nord, la zone maritime Caraïbe des États-Unis). L’adoption d’une taxe carbone sur le transport maritime est également envisagée par la Commission européenne. Cette dernière pourrait permettre de financer la R&D nécessaire au développement de carburants durables et infrastructures associées 

La France a, de son côté, déposé auprès de l’OMI une demande de diminution de la vitesse du transport. Les objectifs escomptés incluent la réduction de la consommation de carburants, et donc des émissions de CO2 et la diminution des collisions avec des mammifères marins. « Notre conviction est qu’il n’y aura pas une solution magique, mais plusieurs solutions qui vont se combiner pour avoir une énergie plus verte demain sur le transport maritime et moins d'impacts environnementaux », conclut Francis Estellat. 

Julie Lepretre
Julie Lepretre Rédactrice web