Chef.fe d'entreprise, chef.fe de famille : le défi des dirigeants de PME-ETI

A l’heure où les PME-ETI sont décisives dans le paysage de l’économie française en termes de croissance et d’emplois, Bpifrance Le Lab publie une nouvelle étude « chef.fe d’entreprise, chef.fe de famille » sur l’équilibre entre vie personnelle et vie professionnelle. 

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Chef.fe d'entreprise, chef.fe de famille : le défi des dirigeants de PME-ETI

En résumé :  

Cette étude apporte des données exclusives sur le quotidien des dirigeants de PME/ETI et aide à comprendre les interférences entre les deux champs fondamentaux dans la vie des entrepreneurs : la famille et l’entreprise. 

Pourquoi cette étude est importante ?  

Dans son étude sur la solitude du dirigeant publiée en 2016, Bpifrance Le Lab constatait un lien entre le sentiment d’isolement du dirigeant ou de la dirigeante et sa situation maritale. De là est née une question : comment la vie de famille influence-t-elle la vie entrepreneuriale et réciproquement ? Cette nouvelle étude permet aux entrepreneurs d’identifier et mieux comprendre ce jeu d’influences croisées entre vie personnelle et vie professionnelle pour mieux l’appréhender. Plus largement, cette étude s’adresse à tous ceux qui souhaitent comprendre les ressorts psychologiques et sociaux d’une croissance pérenne.  

Ce qu’il faut retenir de l’étude « Chef.fe d’entreprise, chef.fe de famille »  

  1. 79 % des dirigeants de PME/ETI affirment être satisfaits de la manière dont ils concilient leurs vies familiale et entrepreneuriale  

Bien que sollicités par leur famille et leur entreprise, une grande partie des dirigeants de PME-ETI affirment arriver à concilier leurs deux vies dans un équilibre satisfaisant. 21 % d’entre eux déclarent être très satisfaits. Mieux, 51% estiment qu’il est facile de parvenir à cet équilibre ! « La famille dont on souhaite le bonheur est une excellente motivation pour un chef d’entreprise. Réussir sa vie de père de famille et d’entrepreneur est une satisfaction profonde qui nourrit le sens de la vie » confie un dirigeant d’hypermarché de plus de 100 salariés. Tandis que Christophe Vassout, président de la PME Meniger déclare « Avec mes horaires de travail, je ne suis pas aussi disponible que j’aimerais l’être. Mais j’ai quand même l’impression d’arriver à tout concilier et à ne rien sacrifier. » 

  1. Le poids de la famille dans les décisions stratégiques demeure faible comparé aux enjeux économiques de l’entreprise 

Malgré ces chiffres positifs, les objectifs économiques apparaissent prioritaires aux yeux du dirigeant et l’emportent sur les considérations d’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle. 93 % d’entre eux rencontrent des difficultés à répondre à leurs obligations entrepreneuriales et familiales, dont 36 % souvent, voire tout le temps. Julien Miner, des établissements Miner le regrette « Ne pas être à la maison auprès des siens pour assurer la bonne gestion et le développement de l’entreprise est pesante et quotidienne. Même en compensant financièrement, ça ne marche pas toujours. »  

  1. La famille des dirigeants : l’indispensable ingrédient à la réussite entrepreneuriale  

65 % des dirigeants interrogés estiment que c’est entre autres grâce au soutien de leur famille que leur entreprise a pu connaitre un tel niveau de développement. Pour 80 % d’entre eux, leur famille leur permet de se détendre et de se ressourcer avant et après le travail. Jérôme Bigeard, directeur général de TSE, entreprise de 40 salariés, confie « Un dirigeant a aussi ses moments de faiblesse, et il ne peut rien laisser paraitre devant ses collaborateurs. En rentrant à la maison, on a besoin de se décharger d’un poids. La famille, c’est un peu notre soupape de décompression. » 56 % des dirigeants sollicitent les remarques de membres de leur famille pour enrichir leurs décisions de chef d’entreprise et 61 % estiment que leur famille s’implique directement dans la gestion de l’entreprise pour les aider à attendre leurs différents objectifs.  

  1. La famille constitue un « frein nécessaire » pour les dirigeants  

La famille est importante pour les dirigeants mais elle représente parfois un frein - nécessaire pour apporter des pauses selon les mots d’un dirigeant - dans le développement de leur entreprise. 42 % des répondants estiment essuyer souvent ou tous les jours des reproches de leur famille quant au temps consacré à leur entreprise. Certains entrepreneurs mettent de côté des projets de développement ou des projets trop risqués pour préserver leur vie de famille. Ils sont 23 % à renoncer fréquemment à des projets stratégiques afin de ne pas nuire à la vie de leurs proches.  

  1. Pour tout concilier au mieux, les dirigeants de PME-ETI s’efforcent de séparer les événements familiaux et professionnels  

74% des dirigeants interrogés préfèrent préserver une certaine étanchéité entre leur vie personnelle et professionnelle. Cette tendance s’observe notamment avec la décision de 71% des dirigeants de ne pas remettre en question la gestion de leur entreprise après la naissance d’un enfant.  « Je sépare vraiment vie perso/pro et ne parle pas boulot en famille. Les questions, problèmes, décisions, réflexions relatives à mon métier de dirigeante restent dans ma tête et je ne les partage pas ou très peu. » témoigne une dirigeante. A contrario, ils sont 78 % à être préoccupés par les enjeux de leur entreprise, même lorsqu’ils sont avec leurs proches. 

  1. Des difficultés spécifiques aux dirigeantes pour articuler vie familiale et vie entrepreneuriale 

Bien que les réponses des dirigeantes se distinguent peu de celles de leurs homologues masculins, les femmes estiment pouvoir moins compter sur leur conjoint pour les soutenir dans l’articulation famille/entreprise. Dans 88 % des cas (contre 58 % des dirigeants), les conjoints des dirigeantes occupent un emploi à plein temps. Ces disparités sont dues au fait que le modèle de « la femme au foyer » est bien plus répandu que celui de « l’homme au foyer ». Contrairement aux dirigeants qui sont 9 sur 10 à déléguer la gestion familiale à leur conjointes, les cheffes d’entreprise ne sont que 6 sur 10 à déclarer pouvoir le faire. 

  1. Jeunes dirigeants, patrons de petites PME, actionnaires majoritaires : des profils aussi sous pression 

Les dirigeants de petites PME déclarent quant à eux être soumis à une charge de travail trop importante. Cette tendance s’explique par le fait de ne pas pouvoir déléguer à cause d’effectifs trop réduits. Il en résulte que les tensions avec leur famille sont plus marquées. De leur côté, les dirigeants de moins de 45 ans ont pour la plupart des enfants en bas-âge à la maison, ce qui leur demande plus d’implication familiale, de temps et d’énergie. Pour finir, les dirigeants majoritaires au capital de leur entreprise impliquent davantage leur conjoint(e) dans la gestion de leur business. Ils sont également plus nombreux à vouloir transmettre l’entreprise à un membre de leur famille.  

Retrouvez l'intégralité de l'étude sur le site de Bpifrance Le Lab : "Chef.fe d'entreprise, chef.fe de famille".