RSE et labels : comment s’y retrouver ?

B-corp, entreprise à mission, norme ISO 26 000… Différentes nominations sont aujourd’hui d’usage pour parler de la Responsabilité sociétale et environnementale en entreprise (RSE). Entre labels, réglementations et chartes, la transition RSE peut paraître laborieuse. Nous tentons de faire la part des choses en vous dessinant une ébauche de cartographie des labels RSE pour vous aiguiller et entamer ou consolider la transition de votre entreprise.

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70 % des entreprises sont conscientes qu’elles doivent s’engager dans une démarche RSE. C’est ce que relève une étude du cabinet Deloitte, menée en 2018. Pourtant, seulement 30 % d’entre elles s’engagent réellement dans des actions concrètes. Ces chiffres traduisent-ils une difficulté à identifier les portes d’entrée de la RSE ? Une incompréhension des diverses possibilités à mettre en œuvre et des différents labels affichés ? Aujourd’hui, Philippe Kunter, directeur du développement durable et de la RSE chez Bpifrance, nous éclaire sur la typologie de ces labels et sur les premiers pas à franchir pour entamer sa transition.

Des labels pour toutes les entreprises et tous les secteurs

La cartographie des labels est très étendue. Il en existe par secteur, par taille d’entreprise et par activité. Ces labels peuvent également concerner une région donnée, avoir une reconnaissance internationale ou nationale. « Ce que nous avons remarqué, souligne Philippe Kunter, c’est que plus un label s’inscrit dans un secteur d’activité ou une filière, plus il a de la valeur en termes de reconnaissance. » Déclinables selon nombreux critères, on peut les réunir en plusieurs catégories :

  • Les labels généraux évaluent la démarche RSE dans sa globalité à la fois au niveau social et environnemental, par exemple, engage RSE, PME+, Lucie etc.
  • Les labels thématiques qui ne concernent qu’une seule partie de la RSE, par exemple une thématique sociale, comme l’égalité dans le recrutement, ou une thématique environnementale, comme les achats responsables.
  • Les labels sectoriels qui s’adressent à des secteurs définis. Ils sont pointus et représentent des normes applicables à une activité spécifique. On peut citer par exemple le label « Je suis artisan socialement responsable » pour l’artisanat ou encore le label « Topsite » pour le BTP.
  • Les labels qui ciblent un produit en particulier comme « proprement engagés » pour les produits d’entretien ou encore le label « Cosmebio » pour les cosmétiques, etc. 
  • Les labels territoriaux. Adaptés aux entreprises territoriales, ils participent au rayonnement d’une région ou d’une ville en particulier, par exemple : « Alsace excellence » ou « Lyon ville durable ».
  • Les labels internationaux notamment le label « B-Corp » adopté aujourd’hui par près de 110 entreprises en France et 3 400 entreprises autour du monde dans de multiples secteurs.

Choisir un label, une affaire qui s’anticipe

Outre les différents labels, il est à noter que d’autres normes, chartes et réglementations existent pour évaluer les démarches RSE des entreprises. On parle alors de normes de référence comme les normes ISO de l’International Organization for Standardization, ou plus particulièrement la norme 26 000 qui concerne les responsabilités sociétales des organisations, la norme 20 400 qui veille aux achats responsables au sein d’une entreprise ou encore la norme 14 001 sur les systèmes de management environnemental. On y ajoute également les chartes de référence (charte de la diversité, charte de l’organisation internationale du travail etc.). Le récent statut d’entreprise à mission, quant à lui, est une nomination encadrée par la loi Pacte en 2019 donnant un sens aux missions de l’entreprise vis-à-vis de sa contribution au bien général de la société par ses produits et services.

« Choisir un label est une affaire qui se travaille à l’avance », explique Philippe Kunter. Ce choix prend en compte le secteur de l’entreprise, sa taille et autres critères bien spécifiques. « Aujourd’hui, nous remarquons une grande tendance en faveur du Label international B-corp. Elle s’explique par une volonté pour certaines entreprises d’intégrer un réseau international comptant environ 3 400 entreprises labélisées dans le monde. Chez Bpifrance, nous recommandons souvent aux dirigeants qui veulent démarrer et évaluer leur score RSE et adopter un label d’effectuer dans une première étape gratuitement un diagnostic via Lucie par exemple, label partenaire 100 % français. L’entreprise peut ensuite entamer des processus de labélisation. En revanche, nous n’intervenons pas dans le choix et l’accompagnement du label, c’est une démarche propre à l’entreprise. »

Entrer dans la RSE, ce n’est pas entrer directement par le label

Malgré tous ces cadres de référence, « rentrer dans la RSE ce n’est pas rentrer directement par le label ou les nominations, explique Philippe Kunter. En décrocher un est intéressant et généralement utile mais il s’agit d’un couronnement d’une démarche engagée déjà mise en place durant plusieurs années ». Si les entreprises au-dessus de 500 salariés ont des obligations bien définies sur le plan réglementaire en termes de RSE, les TPE et les PME - qui représentent la majorité des entreprises en France - s’engagent au volontariat dans ces démarches. « Une TPE ou une PME peut, dans un premier temps, faire un diagnostic et un petit plan d’action pour ensuite en faire un projet d’entreprise en vue de décrocher un label. Le label est une grande étape à franchir. Il s’agit d’une démarche exigeante et globale à mener à la fois à l’extérieur de l’entreprise mais aussi à l’intérieur en mobilisant ses équipes. »

Pour aiguiller les entreprises souhaitant s'engager en matière de RSE, Bpifrance met à leur disposition différents dispositifs d’accompagnement autour de la RSE généraliste, RSE numérique, de la RSE supply chain. A cela s’ajoute la communauté Bpifrance Transition lancée en 2020 avec Solar Impulse aux côtés de bpifrance. « Notre mot d’ordre en la matière c’est : “faites-le, mais faites le bien !” Notre démarche chez Bpifrance ne consiste pas à accompagner juridiquement les entreprises pour obtenir un label mais à les accompagner en amont, dans leurs premiers pas dans la RSE à travers des programmes qui leur fournissent l’avis d’experts, des retours d’expériences d’entrepreneurs, des plans de route concrets et un réseau solide. Chaque année nous accompagnons près de 200 entreprises dans le cadre d’opérations de sensibilisation et de formation avec différents partenaires. Au bout de ce parcours, si certaines souhaitent aller plus loin, nous leur recommandons de poursuivre car ce sont des démarches extrêmement structurantes, pour l’obtention d’un label de leur choix, en leur fournissant les contacts utiles. »