Les tiers-lieux, laboratoires du monde de demain

Phénomène de société qui à floris dans les villes depuis ces dix dernières années, les tiers-lieux connaissent une progression exponentielle dans toute la France. Créateurs de valeurs humaines, économiques et de synergies, ces nouveaux espaces hybrides, entre lieux de travail et espaces de vie, rassemblent de nouvelles communautés pour inventer le monde de demain. 

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tiers-lieux
©Remix Coworking

« L’émergence des tiers-lieux contribue à la réhorizontalisation des organisations et de la société à tous les niveaux. Ce mouvement incite à remettre l’échange, le partage et l’ouverture au cœur des organisations », souligne Ruben Grave, expert et fondateur de be-tiers-lieux. Cette plateforme en ligne vise à soutenir et pérenniser ces structures via une conception et un modèle économique solides, une bonne intégration territoriale, un développement en ruralité, la création d’emplois et des partenariats long terme avec le marché de l’immobilier. 
En proposant une approche décloisonnée du monde professionnel et en favorisant les interactions entre différents univers, les tiers-lieux. Ils permettent de repenser les méthodes de travail, les modèles économiques et les expertises (immobilier, bâtiment, architecture, design, management, développement territorial, financement, informatique, communication…). D’abord métropolitains, ce phénomène a rapidement gagné les territoires ruraux, les petites et moyennes villes et quartiers de banlieue si bien qu’en 2018 la France comptait plus de 1800 tiers-lieux dont 800 hors métropole.

Remix Coworking tente l’aventure de la différence

« Créer des ponts entre des univers qui n’étaient pas destinés à se rencontrer ». Telle est l’ambition de Remix Coworking. Cofondé par Hanane Chapelle El Jamali et Anthony Gutman, cette “chaine” de tiers-lieux implantée dans plusieurs arrondissements parisiens puise ses racines dans le parcours professionnel de ses fondateurs. Respectivement scientifique et financier de formation, Hanane et Anthony ont souhaité faire de leur association un lieu diversifié aux profils variés :  jeunes diplômés, grands-parents, patrons de boîtes du CAC40, startuppeurs, indépendants, artistes et créatifs… « Avant la crise sanitaire, on nous appelait pour louer un bureau, aujourd’hui, c’est surtout pour faire partie d’une communauté et retisser des liens. Ce phénomène a vocation à se répandre dans le monde du travail », indique l’optimiste Anthony Gutman. « Nous veillons à ce que notre action soit lisible afin d’accompagner les personnes dans cette mutation à venir et contribuer au développement de ce modèle à grande échelle », précise le duo. Adepte du « slow business », Remix Coworking vise à « réorganiser le monde du travail », poursuit la co-fondatrice Hanane Chapelle El Jamali. Pour l’expert et fondateur de be-tiers-lieux Ruben Grave, « les tiers-lieux sont des terrains d’expérimentation et des territoires d’innovation, qui participent à la création de valeur non seulement économique mais sociétale. »

Le MoHo, « créateur de coalition »

« On observe une hybridation profonde de la société, qui correspond à un changement de modèle au niveau mondial, au moins pour les 15 prochaines années. Les tiers-lieux recréent ou redynamisent des écosystèmes hybrides qui favorisent la sérendipité* et boostent la collaboration », indique Olivier Cotinat, fondateur du MoHo à Caen. Le « premier collider** d’Europe », vise à créer une mobilisation citoyenne mondiale pour répondre aux grands défis contemporains et co-construire le monde de demain (jeunesse, climat, transformation digitale…), mais aussi créer des vocations, comme le lancement du « D-Day de l’impact positif », en référence au débarquement de 1944 en Normandie. Le MoHo (acronyme de Mosaic House) réunit, de manière pérenne et continue, des publics qui ne se rencontraient pas auparavant – startups, écoliers, étudiants, chercheurs, salariés, entrepreneurs, leaders, ONG et artistes – dans une ancienne succursale de Renault. 1 000m2 sont accessibles gratuitement au grand public, à travers des programmes collectifs à impact (« Deplastify The Planet », avec l’université de UC Berkeley) et des événements. Inspiré de la mythique d.school, l’école de design de Stanford, ce « collider » place la modularité au centre de l’expérience, avec « un parcours utilisateur ultra qualitatif ». 
Salles de créativité, salle de conférence, amphithéâtre, terrain de sport, sauna, restaurants, bibliothèque, studio TV… tout y est pensé pour favoriser l’engagement, l’inclusion, la créativité et la coopération. « Les défis que nous devons relever sont tellement exigeants et complexes que les solutions ne peuvent être que collectives. Une révolution est en train de s’opérer : dans un monde encore trop souvent en silos, des initiatives comme MoHo incarnent le début d’une nouvelle ère de la collaboration », déclare Olivier Cotinat. 

* Capacité, aptitude à faire par hasard une découverte inattendue et à en saisir l'utilité (scientifique, pratique).
** Un lieu de rencontre entre différentes populations. L’objectif est de les faire travailler ensemble pour créer de nouveaux projets en prenant les opinions et les points de vue de chacun. En mélangeant les populations, on ouvre le champ des possibles.