Les investisseurs français misent sur l’e-santé

Portée par la crise sanitaire, la transformation numérique de l’e-santé accélère. Les startups y participent pleinement avec leurs technologies de pointe : des logiciels de télémédecine aux solutions dopées à l’intelligence artificielle en passant par les objets connectés. Florilège d’innovations qui séduisent les investisseurs.

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Selon un récent recensement réalisé par la société de capital-investissement Karista, la France est le pays d’Europe qui compte le plus de fonds investissant dans l’e-santé. Un secteur en pleine croissance, notamment grâce à la crise de la Covid-19. De quoi booster certaines jeunes pousses du secteur dans le développement de leurs projets.

L’essor de la télémédecine

La téléconsultation a véritablement explosé en 2020. Selon un sondage réalisé par l’institut Odoxa pour l’Agence du Numérique en Santé (ANS), le recours à celle-ci, avec le confinement, a triplé en six mois auprès des patients français. Une tendance qui risque encore de s’amplifier comme l’explique Franck Baudino, président-fondateur d’H4D, une entreprise spécialiste de la télémédecine clinique : « La télémédecine est une opportunité sur laquelle les pouvoirs publics, les collectivités territoriales et les entreprises privées comme publiques misent encore plus fortement aujourd’hui. ». Ainsi, après avoir assuré la continuité des soins et la prise en charge des patients porteurs de pathologies chroniques pendant le premier confinement, H4D a levé 15 millions d’euros afin d’accélérer son déploiement territorial et renforcer ses équipes.
De son côté, Medadom a levé 40 millions d’euros fin 2020 pour déployer ses bornes et cabines connectées dans des pharmacies qui promettent une prise en charge en moins de dix minutes : un moyen pour la startup parisienne de démocratiser la téléconsultation et de pallier des problèmes comme celui des déserts médicaux.
Quant à BOTdesign, la jeune entreprise toulousaine s’est spécialisée dans les chatbots médicalisés qui permettent le suivi hospitalier. Sa plateforme a séduit un pool d’investisseurs en levant 1 million d’euros pour appuyer son déploiement et muscler ses équipes.

L’IA et l’IoT ont le vent en poupe

« L'IA apporte énormément de valeur ajoutée dans différents secteurs en santé, qu’il s’agisse du diagnostic voire du pronostic, dans le traitement avec des thérapies personnalisées, plus efficaces », affirmait Joséphine Marie, chargée d’investissement au sein du Fonds Patient Autonome de Bpifrance, dans la restitution de la matrice demain « intelligence artificielle et santé, les données au service du patient ».

De nombreuses startups françaises se sont emparées du sujet et ont su convaincre les investisseurs. La bordelaise Synapse Medicine a levé 7 millions d’euros l’été dernier pour poursuivre le déploiement de sa plateforme de prévention de risques médicamenteux. Une sorte de « Yuka » du médicament qui, grâce à l’intelligence artificielle, facilite la recherche des informations fiables et actualisées pour les professionnels de santé. Elle permet également d’analyser des ordonnances en temps réel pour éviter les potentiels mésusages des médicaments. Une technologie déclinée également en une solution d’aide à la prescription pour les plateformes de télémédecine.
La MedTech Gleamer, elle, a fait le pari de l’intelligence artificielle au service des radiologues pour automatiser la détection des fractures osseuses. « L’entreprise est en voie de devenir un des leaders mondiaux sur son segment », expliquait Olivier Rameil, directeur d’investissement chez Bpifrance, en septembre dernier, lors d’un tour de table de 7,5 millions d’euros réalisé par la startup afin d’accélérer son déploiement, en France comme à l’étranger.

Les objets connectés ne sont pas en reste. La pépite montpelliéraine La Valériane a développé l’année dernière un distributeur intelligent de médicaments couplé à un logiciel de télésurveillance. Pour sa part, le pionnier français de l’IoT, Withings, connu pour son historique pèse-personne connecté, a levé 53 millions d’euros en 2020 pour accélérer son développement outre-Atlantique et s’attaquer au suivi médical des maladies chroniques.
 
Dématérialisation des échanges, robotique de logistique, aide à la décision… sont autant d’autres chantiers et sources d’opportunités dans l’e-santé. Un secteur dont le potentiel est colossal : d’après un récent rapport de l’Institut Montaigne, le développement de solutions numériques de santé pourrait représenter une création de valeur de pas moins de 22 milliards d’euros par an. Reste à passer à l’échelle et structurer la filière : une ambition portée par Bpifrance dans le cadre de son plan stratégique 2020-2023.

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