La traduction, une compétence clé pour s'exporter

Une entreprise qui s’exporte sera inévitablement confrontée à de nombreux défis, comme la barrière de la langue. Alors que l’anglais est reconnu comme la langue des affaires la plus commune, le recours à des services de traduction reste parfois indispensable. Témoignage avec Marcy Paris, entreprise internationale de retail, et Mathilde Garino, traductrice chez Davron Translations.  

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dr/ ASSIMIL

« Google Traduction, c’est bien, mais ça ne fait pas tout ». Marcy de Soultrait, fondateur de la marque Marcy Paris, résume la nécessité de faire appel à un traducteur de cette façon. Parmi les nombreuses démarches pour s’exporter, la traduction ne vient pas forcément en premier dans la tête des entrepreneurs. Pourtant, elle peut s’avérer nécessaire voire indispensable pour garantir la bonne entente entre les parties prenantes. C’est ce qu’a vite compris Marcy Paris, entreprise de création textile créée en 2009 qui dessine, fabrique et distribue les uniformes de grands groupes de l’hôtellerie, de la restauration ou du retail. La marque, qui fournit de grands groupes comme LVMH, Richemont et Rolex, s’est beaucoup développée à l’export en participant à un programme d'accompagnement de Bpifrance en 2020 :  l’Accélérateur International Île-de-France. Aujourd'hui, elle réalise la moitié de son chiffre d’affaires à l’export et doit donc régulièrement adapter des documents dans différentes langues, à commencer par l’anglais. 

Adapter ses documents d’entreprise : la solution du collaborateur interne  

Pour traduire leurs supports, la solution la plus simple pour les entrepreneurs peut parfois être de passer par des profils multiculturels en interne. « Quand je travaille avec le Portugal, j'ai des personnes franco-portugaises dans l'équipe pour m’aider avec la langue », illustre le fondateur de Marcy Paris.  Pour autant, ces collaborateurs binationaux n’ont pas toujours comme tâche première de s’occuper de traductions. « Certaines entreprises peuvent se permettre de le faire en interne quand la quantité de documents est relativement faible car il n’y a pas besoin de mobiliser un employé pendant trop longtemps », affirme Mathilde Garino, traductrice chez Davron Translations. Pour Marcy de Soultrait, l’enjeu derrière le document traduit rentre en compte : « Quand c'est du « day to day », je prends plutôt conseil auprès de mon équipe alors que quand il s’agit d’un gros contrat, on fera plutôt appel à un professionnel ».

Entre gain de temps et réassurance, les avantages de la traduction professionnelle 

Recourir à un traducteur représente ainsi un gain de temps, mais pas seulement. Il peut également être source de conseils, et cela même lorsque l’on maîtrise bien la langue visée comme l’anglais. « Je suis très demandeur des formalités, même des plus petites mais souvent nécessaires : comment terminer son mail, quel type de formules de politesse utiliser dans certaines situations, … Des détails sur lesquels les traducteurs pourront me conseiller », témoigne le fondateur de Marcy Paris. Auprès de son fabricant italien, l’entreprise choisit de faire appel à un traducteur pour s’assurer de l’utilisation des bons termes. « Ils ne parlent pas forcément anglais, ou mal. Or, on parle là d’éléments techniques, de fiches de production, de prototypes ... ça nécessite de bien maîtriser la langue ».  
 
Côté technique justement, tout est susceptible de passer sous le crible de la traduction : statuts d’entreprise, étiquette de produit, document interne, fascicule ou autres sites internet, et ce dans tous les secteurs, financier au médical. Des traductions sans lesquelles des erreurs peuvent vite arriver : « Cela peut impacter la production, les délais, la livraison, de fiches techniques ou de couleurs mal interprétées. », complète l’entrepreneur. Il arrive parfois même que l’entreprise n’ait d’autres choix que de faire appel à des services de traduction officielle. 

La légalisation pour s’exporter : quand la traduction devient réglementée 

Lorsqu’une entreprise se développe dans un pays non-francophone, elle doit régulièrement présenter des pièces certifiées aux autorités publiques locales. « Comme tout est régi de manière internationale, les entreprises n’ont pas forcément le choix de passer par un professionnel de la traduction. C'est là qu'entre en jeu le statut de traducteur assermenté », précise Mathilde Garino. Ce statut, accordé par la Cour d’appel ou la Cour de cassation, permet au professionnel de donner une valeur légale, attestée par sa signature et un tampon officiel, à ses traductions. Cette simple certification est souvent suffisante lorsque l’entreprise reste dans les confins de l’Union européenne. 
 
Au-delà, la légalisation du document nécessite davantage de procédures : une fois la traduction certifiée rendue, la signature du traducteur doit être légalisée auprès d’une autorité publique française : une mairie, un notaire, ou une chambre de commerce et d’industrie. Du pays de destination dépend la suite : un pays signataire de la Convention de La Haye réclamera généralement une simple apostille du Palais de Justice. Dans le cas contraire sont requis un tampon obtenu auprès du ministère des Affaires Etrangères, puis une validation par le consulat ou l’ambassade du pays visé.  

Le traducteur assermenté, un expert judiciaire désigné par la Cour d’Appel 

Ces procédures, qui peuvent vite être fastidieuses pour les entreprises, peuvent être prises en charge par les agences de traduction assermentée spécialisées en légalisation. « Le temps nécessaire pour une légalisation est très dépendant des consulats et des ambassades, tous n'ont pas les mêmes démarches. En général, il faut compter minimum 10 jours ouvrés à partir du moment où l’on a obtenu la traduction », ajoute la traductrice de Davron Translations, agence dirigée par une traductrice assermentée. Le ministère de la justice répertorie l’ensemble des traducteurs experts, reconnus comme experts judiciaires, dans un annuaire pour faciliter les recherches, qui peuvent représenter plus ou moins de difficultés selon la langue visée. « En anglais, on en a par exemple une vingtaine sur la Cour d’appel de Paris, alors que pour le danois, on en a trois », souligne Mathilde Garino.  

Les agences de traduction sont généralement en contact avec des traducteurs assermentés, ce qui rend la recherche des entrepreneurs d’autant plus accessibles. Elles présentent aussi l’avantage de proposer souvent d’autres services que la traduction, en mettant par exemple à disposition des interprètes pour des réunions avec plusieurs partis étrangers, pour des colloques, … « Si c'est une agence avec laquelle l'entreprise a l'habitude de travailler, cela facilite le travail et l'exactitude du vocabulaire employé puisqu’on aura pu développer un glossaire actualisé spécifique au métier de l’entreprise », explique Mathilde Garino 

La traduction, cet élément « que l’on ne prend pas assez en compte » quand on s’exporte  

Pour être sûr de tomber sur le bon professionnel, le plus simple reste le bouche-à-oreille. « J’ai écouté les recommandations d’amis entrepreneurs, nous échangeons les coordonnées de traducteurs avec lesquels nous travaillons. Le réseau Bpifrance Excellence et la communauté des Accélérés m'ont beaucoup aidé aussi », confirme Marcy de Soultrait, qui fait aussi appel à une traductrice en freelance qu’il connaît personnellement. 
« Pour moi, toute société qui veut se développer à l’export devrait passer par la traduction, c'est indispensable. C’est quelque chose que l’on ne prend pas assez en compte et qui est pourtant clé. Je gagne beaucoup d'appel d'offres grâce à ça », poursuit-il. La dimension culturelle, prise en compte dans la traduction professionnelle, apporte un avantage supplémentaire aux services apportés, d’autant plus lorsqu’il est question de langues plus éloignées. Si passer par une agence française est souvent le plus simple pour les premières démarches, « cela reste intéressant de faire appel à des traducteurs présents dans le pays quand on passe par des distributeurs locaux, pour avoir la traduction la plus idiomatique, qui aura toute la dimension culturelle derrière », informe Mathilde Garino.  
 
Trouver un professionnel pour ce type de situation est alors plus délicat. Marcy de Soultrait le constate dans son développement en Corée du Sud et pour lequel il n’a pas trouvé de profils maîtrisant le coréen dans son réseau. « Sur les échanges du quotidien, les formules de politesse avec les clients, sur les aspects techniques, … C'est plus compliqué, j’avoue être bloqué de ce côté ». La Team France Export propose justement une plateforme facilitant l’accès à des traductions professionnelles avec sa plateforme Eazylang, place de marché dédiée. Pour s’y retrouver, les exportateurs ont aussi la possibilité de s’adresser directement aux membres fondateurs de la Team France Export présents en local, que cela soit Business France, CCI France International, ou même Bpifrance.