7 personnes sur 10 sont atteintes du syndrome de l’imposteur

À travers des témoignages et le regard d’une psychanalyste, Big média vous propose de découvrir l’origine du syndrome de l’imposteur et les solutions qui existent pour se sentir légitime dans son travail. 

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syndrome de l'imposteur

Qu'est-ce que le syndrome de l'imposteur ? 

Le syndrome de l’imposteur (également appelé syndrome de l’usurpateur, syndrome de l'autodidacte, phénomène de l'imposteur, expérience de l'imposture ou encore complexe d'imposture) identifié en 1978 par Pauline Rose Clance et Suzanne Imes, deux psychologues américaines, est une tendance psychologique à la remise en question.  

Ce phénomène apparaîtrait en particulier lors des périodes de transition, lorsqu’on démarre un nouveau job, qu’on obtient une promotion, qu’on se lance dans l’entrepreneuriat ou alors qu’on lance son entreprise. « Il est très souvent lié à un désir de conquête, freiné inconsciemment par un sentiment très personnel de sa propre illégitimité. L’angoisse réside autour de l’idée que tout le monde s’en rendrait compte », explique Véronique Salman, psychanalyste. C’est notamment ce qu’a vécu Lucas, consultant freelance en communication digitale, au lancement de son activité : « Quand j’ai eu mes premiers clients, et donc mes premières factures, j’avais l’impression d’être un imposteur en travaillant deux fois moins que lorsque j’étais salarié, alors qu’en vérité, je passais 12 heures par jour sur mon ordi ».  

Femme, homme… Qui est touché par le syndrome de l’imposteur ? 

Selon le Journal of Behavioral Science, 70 % de la population, quel que soit son genre ou sa catégorie socio-professionnelle, aurait éprouvé au moins une fois un sentiment d’imposture, C'est la place tenue dans la hiérarchie ou les responsabilités confiées qui sont déclencheurs du syndrome. Cependant, même si ce phénomène concerne souvent le domaine professionnel, il peut également apparaître dans des contextes purement sociaux.  

Quels sont les symptômes et signes du syndrome de l'imposteur ? 

Si vous avez déjà pensé : 

  • « Je ne suis pas légitime » ; 

  • « Je ne vais jamais y arriver » ; 

  • « J’ai eu de la chance » ; 

  • « Je vais être démasqué » ; 

  • « Je ne mérite pas ce poste » ; 

  • « J’ai le sentiment de ne pas être à ma place »  

c’est peut-être parce que, comme une majorité des personnes, vous souffrez d’un complexe de l’imposteur. En effet, ce syndrome est un ensemble de croyances erronées. Les personnes atteintes de ce syndrome vont : 

  • attribuer ses succès à des éléments externes ; 

  • banaliser ses réussites à cause d’une faible estime de soi

  • s'infliger une exigence et un perfectionnisme extrêmes ; 

  • remettre systématiquement en doute ses compétences ; 

  • dépenser trop d'énergie sur une tâche pour attribuer son succès à une grande quantité de travail plutôt qu’à ses compétences ; 

  • éviter les situations où il est remarqué, par peur que son imposture soit révélée, ou au contraire recevoir une reconnaissance qui le met mal à l’aise ; 

  • dénigrer ses qualités. 

Se tuer à la tâche est un symptôme commun pour toutes les personnes atteintes du syndrome de l’imposteur, afin de se prouver qu’elles sont à la hauteur. Pour la psychanalyste Véronique Salman, l’angoisse qui produit le surmenage ne repose sur aucune réalité. « En prenant conscience de l’absence de réalité du danger, l’imposture cesse de s’imposer. » Au contraire, pour surmonter cette angoisse, certaines personnes décident de tout remettre au lendemain, « C’est un moyen de repousser le moment où les compétences, l’efficacité, pourraient être remises en question. »   

Quelles sont les causes du syndrome de l'imposteur ? 

Ce complexe peut prendre ses racines dans diverses situations telles que : 

  • des attentes parentales trop élevées ; 

  • un manque de soin et d'attention dans l'enfance ; 

  • des origines socio-économiques modestes ; 

  • le statut de minorité de genre ou d'origine dans son équipe professionnelle ; 

  • des changements rapides et fréquents au cours de la carrière. 

Pour Véronique Salman, ce phénomène remonte toujours à l’enfance. Les parents n’ont pas assez donné ou fait confiance à leur enfant et l’aident trop. Ou, au contraire, ils le considèrent autonome trop tôt. Ce dernier est ainsi placé en situation d’échec. » 

C’est d’ailleurs ce qu’a ressenti Lucas lorsqu’il a lancé son activité en freelance : « Mes parents ont tous les deux des professions libérales, pourtant quand je leur ai annoncé que j’allais être auto-entrepreneur, mon père m’a répondu "donc tu vas être au chômage". Une fois que j’ai eu mes premiers clients, ils étaient très fiers de voir la réussite de mon activité ». Ce n’est pas par manque d’amour des parents mais du fait d’un défaut d’accompagnement ou, souvent, d’une rivalité du parent avec un enfant qui fait perdre confiance en soi.   

Perfectionniste, solitaire, expert… Il existe cinq types de syndrome de l'imposteur 

Le perfectionniste 

Il cherche à atteindre la perfection dans tous les aspects de sa vie. Il fait une montagne de la moindre erreur, ce lui empêchera d’apprécier ses succès. Pour les femmes, il correspond au syndrome de la bonne élève. 

Le génie naturel 

Il possède une capacité innée à maîtriser toute tâche. L’ombre d’un obstacle lui fait éprouver une honte ou une gêne démesurée. 

Le solitaire 

Demander de l’aide équivaut à une faiblesse, voire un échec, ce qui attise les sentiments d'inadéquation et de dégoût de soi du solitaire. Il veut absolument réussir par ses propres moyens.  

L'expert 

Il se repose sur les connaissances qu'il a acquises au cours de ses études mais considère qu’il ne sait toujours rien. Sa peur de l’échec peut le faire vaciller. 

Le super-héros 

Il cherche continuellement à repousser ses limites, toujours avec un sentiment de ne pas en faire assez.

Quel test pour diagnostiquer le complexe de l’imposteur et comment s’en libérer ? 

Développé pour aider les personnes à déterminer si elles souffrent du syndrome de l'imposteur et dans quelle mesure, le test baptisé « Échelle de Clance » évalue l'estime de soi dans 20 situations différentes. Ce complexe peut également être diagnostiqué lors d’un entretien avec un thérapeute. 

Pour surmonter ce syndrome de l’imposteur, différentes options s’offrent à vous. 

  • Établir des réalités à chaque situation, « comme se dire qu’on a été recruté pour des compétences vérifiables, actées officiellement dans un CV, une ancienneté, un diplôme, etc. », partage l’experte. 

  • Valoriser ses réussites. Individuellement, des solutions existent pour atténuer ce syndrome. L’une d’entre elles consiste à inscrire dans un tableau vos victoires, comme une promotion par exemple, en décrivant les raisons de ce succès selon vous et les causes réelles. « C’est important de garder une trace de ses réussites pour s’y référer lorsqu’on doute », assure la psychanalyste. 

  • Éviter les comparaisons : Les personnes confrontées au syndrome de l'imposteur se comparent aux autres pour mettre en évidence leurs propres lacunes et se dévaloriser. Pour ne pas accroître le sentiment d'infériorité, il est préférable de voir le succès des autres comme une source d’inspiration. 

  • Parler à ses proches : Partager ses angoisses et ses incertitudes avec des personnes de confiance permet de prendre du recul et trouver du soutien. 

  • Faire appel à un thérapeute : Vous pouvez par exemple vous diriger vers la thérapie cognitivo-comportementale (TCC). Cette méthode permet de démystifier les croyances erronées du patient pour lui proposer un autre regard sur son parcours et ses réussites. 

  • Se tourner vers un coach : Lucas s’est fait accompagner au début de son activité pendant six mois : « Mon entourage m’a également beaucoup encouragé, mais ça n’avait pas le même impact ». 

En effet, si parler de ses craintes à ses proches est un moyen efficace pour surmonter l’isolement que procure ce sentiment d’imposture, Véronique Salman met un point d’honneur à faire appel à une personne neutre : « Elle doit représenter une nouvelle figure d’attachement, plus sécure que les précédentes. Une personne considérée comme fiable, stable et protectrice, qui ne jugera pas et accueillera la personne avec bienveillance et écoute active. Une vraie présence qui rassure ». 

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