7 conseils pour se lancer en freelance
2021 est partie pour être, comme 2020, une année record en termes de création d’entreprise. Le statut qui arrive en tête est celui de la micro-entreprise. Alors voici 7 conseils lorsqu’on se lance en freelance.
- 17 décembre 2021
- Temps de lecture: 6 - 7 min

« Je me suis mis à mon compte ». On a tous un auto-entrepreneur dans notre entourage qui nous vante les avantages d’être son propre patron. D’ailleurs près d’un million d'entreprises ont été créées ces derniers mois dont les trois quarts sont des entreprises individuelles, un record en France. Lucas Perelstein, consultant en communication et événementiel, s’est lancé il y a un peu plus de 6 mois, après plusieurs années en CDI dans différentes entreprises. « J’avais envie d’être à mon compte, travailler sur des projets variés avec différents clients. Mais aussi gérer mon temps comme je le voulais », explique-t-il.
Si être maître de son destin professionnel présente des avantages, il faut s’y préparer. De la création de son statut à la recherche de clients, en passant par la gestion administrative, devenir auto-entrepreneur est un métier à part entière. Voici 7 conseils utiles à tous ceux qui se lancent à leur compte, à travers le témoignage de Lucas Perelstein et l’avis de Jean-Michel Ly, expert en création d’entreprise chez Bpifrance.
1/- Bien comprendre le statut de micro-entrepreneur (ou auto-entrepreneur)
Ça y est, vous êtes décidés à être votre propre patron, mais avant toute chose, il faut créer votre statut. Si la demande est facile à faire, les options qui se présentent à vous sont multiples. « Quand tu crées ton statut, tu as plusieurs cases que tu peux cocher, or tu as très peu d’informations sur ce que ça engendre. Dans mon cas, j’avais coché une case à l’ouverture de mon statut, qui est l’impôt libératoire et encore aujourd’hui je n’arrive pas à savoir si c’est avantageux ou non pour moi ».
L’avis de l’expert :
Le régime micro-entrepreneur séduit de nombreux porteurs de projet du fait de sa simplicité :
- Des obligations comptables réduites.
- Pas de TVA à facturer (franchise de TVA) tant que les encaissements annuels ne dépassent pas certains seuils.
- Des modalités de calcul et de règlement des cotisations sociales très simplifiées : aucune avance de cotisations n'est à faire en l'absence d'encaissement de chiffres d’affaires.
- Possibilité, sous certaines conditions, d'opter pour le versement fiscal libératoire*, c'est-à-dire le paiement de l'impôt sur le revenu dû au titre de l'activité indépendante, en même temps que les cotisations sociales.
*Quelques précisions pour le versement fiscal libératoire :
Il vous permet de vous acquitter de l'impôt chaque mois en même temps que les cotisations sociales selon un barème fixe contrairement à l'impôt sur le revenu classique, qui lui est variable.
Si vous répondez aux conditions de revenus, ce système peut être avantageux. En revanche, il peut être désavantageux car vous payez l'impôt dès le premier euro reçu et ce même si vous n’êtes pas imposable. Et comme il ne s'agit pas d'un prélèvement à la source mais bien d'un versement libératoire, l'impôt est payé et non remboursé même si vous êtes non imposable.
2/- Soigner son image de marque
Une fois le statut en poche, il faut trouver des clients et démontrer que votre profil est celui qu’ils recherchent. Pour valoriser vos compétences, soignez votre CV, votre compte LinkedIn et créez-vous un portfolio avec des exemples de vos précédentes expériences. « J’ai aussi ajouté deux recommandations sur mon CV. Ces personnes qui m’ont recommandé ont d’ailleurs été contactées par certains de mes clients », indique Lucas Perelstein. L’idée n’est pas de se survendre, mais de cibler vos compétences pour vous démarquer. « J’ai ouvert un compte Instagram spécialisé dans le tennis, qui m’a permis de devenir social media manager d'une entreprise ».
L’avis de l’expert :
Soigner son image de marque, c’est un gage de confiance. Mettez en avant vos références clients, les recommandations qui vous sont données sur LinkedIn, les avis positifs sur les réseaux sociaux, votre savoir-faire et expertise (en précisant le nombre d’années), etc.
Vous allez ainsi communiquer sur des éléments de réassurance et créer une relation de confiance. Cela contribue également à votre e-réputation ou personal branding. L'e-réputation contribue à la construction de votre image de marque, à la relation de confiance bâtie par votre entreprise, et donc à la réalisation de votre chiffre d’affaires (50 % des internautes vont essayer de trouver une note d’au moins 4 sur 5 étoiles avant de passer à l’acte d’achat).
3/- Savoir gérer plusieurs clients en même temps
Vous avez trouvé votre premier client, qui correspond à tous vos critères et vous hésitez à postuler à d’autres offres en parallèle. N’hésitez plus. Il vaut mieux avoir plusieurs clients pour assurer une diversification des revenus. « Toutes les entreprises avec lesquelles je travaille ont des fonctionnements différents. Une me paye le 1er du mois, tandis qu’une autre le 9 et la dernière le 14 ».Le premier salaire de Lucas Perelstein permet à l'entrepreneur d'absorber ses charges qui tombent avant le 9.
Il ne faut pas miser que sur un client, mais ne pas en avoir trop non plus lorsqu’on débute. Drôle d’équation. Pour commencer, il vaut mieux en avoir au moins deux, pour assurer la diversification de revenus mais aussi apprendre à gérer son agenda. « Il faut prendre le temps de s’acclimater à ses missions ».
L’avis de l’expert :
Avoir un seul client peut mettre en péril votre activité si celui-ci décide de ne plus travailler avec vous. Rappelons que la micro-entreprise reste un statut précaire. Il vaut mieux avoir plusieurs cordes à son arc et s’assurer une trésorerie. Une règle de base pour tout entrepreneur : prospectez même si votre activité se porte bien.
En revanche, si vous avez plusieurs clients simultanément, vous devez apprendre à gérer l’ensemble de vos missions. Vous devez faire preuve d’organisation et de bon sens afin de gérer au mieux votre temps et votre production. Demandez-vous si vous êtes capable d’honorer toutes les missions qui vous ont été confiées. Si ce n’est pas le cas, est-il possible d’en différer certaines ?
4/- Bien préparer ses factures
Préparer sa facturation est une étape importante lorsqu’on se lance. Tous les freelances ont des factures différentes mais il y a certains incontournables à ne pas oublier. La facture est aussi un document officiel qui vous permet de vous couvrir en cas de problème. « Par exemple, j’impose à mes clients de me payer sous trente jours sous peine de pénalité ».
Vous l’aurez compris, pour bien se vendre il faut être béton. Mais au fait, comment savoir à quel prix se vendre ? « C’est compliqué d'estimer sa valeur, mais c’est important de se renseigner et de demander des conseils à des entrepreneurs plus expérimentés ».
L’avis de l’expert :
Qui dit facture, dit aussi devis. D’ailleurs, en plus du devis, vous avez aussi à soumettre les conditions générales de vente (CGV), qui représentent l’équivalent d’un contrat de vente ou de prestation de services entre un client et un fournisseur. Elles permettent de fixer un cadre juridique à leur relation commerciale en :
- protégeant le client et le fournisseur notamment en cas de conflit,
- informant les clients avant le passage d’une commande ou la conclusion d’une transaction,
- précisant les responsabilités de chaque partie,
- fixant la juridiction compétente en cas de conflit.
Le devis, les CGV et la facture sont aussi des éléments de communication. Veillez au grain sur toutes les mentions obligatoires à faire figurer pour que ces documents soient irréprochables.
5/- Assurer sa trésorerie
La trésorerie est quelque chose d’essentiel quand on se lance en freelance. Aussi bien au démarrage que pendant ses missions. Lucas a eu la chance après son CDI de vite trouver des missions. « Mais j’avais mis de l’argent de côté au cas où je ne trouvais pas rapidement. J’avais aussi la possibilité de toucher le chômage », justifie-t-il. Par ailleurs, une fois en mission, la trésorerie permet d’anticiper les charges et les imprévus. « Un client peut mettre fin à un contrat à tout moment, c’est donc essentiel de prévoir des sous de côté au cas où ce genre de situation se présente ».
L’avis de l’expert :
La trésorerie, c’est le nerf de la guerre ! Vous serez surement confronté à des difficultés de trésorerie que vous n'aviez pas anticipées comme une baisse d'activité conjoncturelle, des impayés, un contentieux, etc. Voici quelques conseils qui vous aideront à y faire face :
- Analysez le poste "clients" en effectuant régulièrement un suivi de vos comptes clients et en agissant rapidement.
- Vous pouvez négocier des délais de règlement auprès de vos fournisseurs en leur faisant une proposition d'étalement de vos paiements. Naturellement, il faudra accompagner votre demande d'éléments garantissant que vous serez en mesure de tenir vos engagements.
- Négociez des délais de règlement avec l'Etat et les organismes sociaux. Vous pouvez négocier des délais de règlement de vos cotisations en faisant une proposition d'étalement de vos paiements.
6/- Garder le cap
En tant que micro-entrepreneur, vous avez la responsabilité de gérer l’aspect administratif de votre activité. « Ça demande beaucoup de temps. On est constamment obligé de partir à la pêche aux infos. Mais j’ai trouvé des sites en ligne qui m’aident à m'organiser ».
Vous l’avez compris, « l’anticipation » est le maître mot du freelance. « Je suis en train de planifier précisément mes entrées et sorties d’argent jusqu’en janvier 2023. A partir de juillet 2022, je n’aurai plus droit à l’Acre, je devrai donc songer à multiplier mon nombre de clients ou alors à augmenter mes tarifs. En 2022, je vais donc me former pour accroître mes compétences. L’entrepreneuriat c’est une remise en question permanente », affirme Lucas Perelstein.
L’avis de l’expert :
L’entrepreneur doit savoir communiquer, vendre, produire et piloter. Le pilotage de l’activité est primordial et permet d’avoir une prise de recul de l’activité.
Est-ce que votre business se porte bien ? Allez-vous dépasser le seuil de chiffre d’affaires annuel ? Êtes-vous au fait des différentes échéances fiscales et sociales ? Si vous faites 0 euros de CA ce mois-ci, l’avez-vous quand même déclaré au risque de vous faire pénaliser ?
D’ailleurs, la démarche de relance client doit être intégrée dans le processus de gestion.
Si vous avez une activité commerciale, attention au décalage entre le paiement client et fournisseur.
7/- Se créer son espace de travail
Si devenir son propre patron n’est pas synonyme d’avoir ses propres bureaux, il est primordial de se trouver un espace de travail qui se distingue de son espace privé. Au démarrage, Lucas Perelstein travaillait depuis son salon où sa vie professionnelle empiétait sur le perso. « Je devenais dingue à rester chez moi toute la journée. J’ai donc décidé de rejoindre un espace de coworking, qui me permet de distinguer le travail du privé et d’avoir une routine qui me conforte au quotidien ».
L’avis de l’expert :
Solliciter un espace de coworking peut être très intéressant pour casser le quotidien, ne pas s’isoler, créer des synergies et des opportunités. Cela est très propice à faire des rencontres : partenaires, prescripteurs, potentiels clients. Par ailleurs, vous pouvez aussi louer des bureaux ou locaux, de manière ponctuelle, auprès d’un espace de coworking ou un centre d’affaires pour recevoir des clients, animer une formation, etc. A domicile, éloignez toutes sources de distractions, et créez-vous un espace dédié au travail.